Véritable invitation au voyage à travers les époques et les lieux, Le cercle des illusionnistes d’Alexis Michalik fascine et émerveille. Maître du jeu virtuose, le jeune et brillant dramaturge s’amuse à mêler les destins et à tirer des fils invisibles que rien ne semble lier. Et pourtant, petit à petit, grâce à une narration intelligente et fluide, les différents tableaux s’enchaînent et s’imbriquent pour révéler une fresque en trompe l’œil au cœur de la magie et de la fantasmagorie. Emporté dans un tourbillon de mots et d’images, le public, les étoiles plein les yeux, sort heureux et conquis de cette parenthèse théâtrale propice aux rêves les plus fous !…
Les rideaux sombres se lèvent sur une étrange silhouette. Un homme (épatant Michel Derville), portant une immense cape et un turban de mage, se tient hiératique sur scène. Il émerge à peine d’un halo de lumière. Maitre de cérémonie, conteur émérite, il invite le public à découvrir la fantastique histoire de Décembre (charismatique « loser » Mathieu Metral) et Avril (fantastique Maud Becker), deux jeunes gens que rien n’aurait dû réunir hormis le hasard. Tout commence en juin 1984. Le championnat d’Europe des Nations bat son plein. Un soir, dans le métro, Décembre, un jeune homme, un peu perdu, vole le sac de la jolie et ingénue, Avril.
Pris de remord et séduit par la charmante jeune femme, il décide de lui rendre ses affaires et l’invite à boire un verre. Passionné d’aventure et de magie, il va lui conter l’extraordinaire histoire de Jean-Eugene Robert-Houdin ( fascinant Arnaud Dupont), horloger de métier, inventeur de génie et maître des illusions qui vécut au XIXe siècle. Au fil du récit, les deux jeunes gens vont se découvrir des affinités, se séduire et s’amouracher l’un de l’autre.
Loin de narrer une banale histoire d’amour, Alexis Michalik invente et imagine des univers parallèles reliant différentes époques et lieux. Avec maestria, il nous entraîne en un clin d’œil d’un monde à l’autre. Ainsi, on passe à une rapidité fulgurante de la terrasse d’un bar à la maison des Robert-Houdin, du sous-sol d’une banque aux ateliers d’un certain Georges Méliès, autre maitre des illusions, d’un vieux théâtre oublié à une boutique d’antiquaire. L’effet est bluffant. Pris dans ce tourbillon incessant d’images, on se laisse embarquer et séduire par ce monde où la réalité bascule et la féérie prend vie.
Mêlant les destins d’une multitude de protagonistes, entremêlant réel et fiction, Alexis Michalik signe une pièce parfaitement rythmée et orchestrée construite comme un puzzle, les tableaux s’enchaînent sans cohésion apparente laissant le suspense s’installait jusqu’à la dernière minute. Virtuose des mots et des situations, il signe un spectacle sensationnel et humain, un voyage à l’essence même du théâtre et du cinéma.
Metteur en scène et scénographe ingénieux et inventif, le dramaturge module l’espace au gré de sa volonté en s’appuyant sur des décors forts simples qui permettent des transitions instantanées renforçant la magie du spectacle. Il en est de même pour la troupe de comédiens qui, avec une facilité déconcertante, change de costumes (astucieusement inventés par Marion Rebman) et de personnalités en un quart de seconde.
Bluffé par cette féerie théâtrale, le public déguste avec gourmandise cette fresque au cœur de l’illusion… magistral !…
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Le cercle des illusionnistes d’Alexis Michalik
Pépinière Théâtre
7 rue Louis Legrand
75002 Paris
Du 28 avril au 26 août 2023
Du mardi au samedi à 21h.
Durée 1h40
Splendid Saint-Martin
48 rue du Fbg St-Martin
75010 Paris
Jusqu’au 15 janvier 2023
Du mercredi au samedi à 19h, dimanche 17h.
Festival OFF d’Avignon
Théâtre des béliers
53, rue du portail Magnanen
84000 Avignon
du 7 au 30 juillet 2016 à 10H30
durée : 1h40
Texte et mise en scène d’Alexis Michalik
Avec Maud Baecker, Alexandre Blazy, Clotilde Daniault, Michel Derville, Arnaud Dupont, Vincent Joncquez, Constance Labbé, Mathieu Metral
Costumes de Marion Rebmann
Lumières de Pascal Sautelet
Musique de Romain Trouillet
Scénographie – Vidéo d’Olivier Ros
crédit photos © Mirco Magliocca