Installation collective « Le Jardin intérieur » © Villa Datris
Installation collective « Le Jardin intérieur » © Villa Datris

Mille et une vies : L’art comme reflet d’un monde intérieur pluriel

Après avoir séduit plus de 50 000 visiteurs avec Les Mondes imaginaires, l’Espace Monte-Cristo, annexe parisienne de la Villa Datris, poursuit son exploration tous azimuts de la sculpture contemporaine avec une nouvelle exposition à découvrir jusqu’au 14 décembre prochain.

Dans cet ancien entrepôt industriel de 300 m², situé à deux pas du cimetière du Père-Lachaise et transformé en 2018 en espace d’exposition, il fait bon se perdre et se laisser porter par les œuvres réunies par les commissaires, gardiens de ce temple de l’art contemporain, Pauline Ruiz et Jules Fourtine. Mille et une vies, ouverte depuis quelques jours, déploie un parcours aussi organique que philosophique.

Trois prismes transparence, 2023, d'Étienne Rey © Collection Villa Datris
Trois prismes transparence, 2023, d’Étienne Rey © Collection Villa Datris

Dès la première salle, un étrange duo, dos à dos, accueille les visiteurs. D’un côté, L’Enfant sauvage de Kim Simonsson — un lutin vert couvert de mousse — n’est pas sans rappeler Le Penseur de Rodin. De l’autre, le totem de bois de Stephan Balkenhol, un « ours mal léché » à la posture humaine, semble avoir troqué sa pelisse brune pour l’uniforme d’un garde-chasse ou d’un bûcheron. D’emblée, le ton est donné : l’humain se pense en lien, entre nature et culture, entre l’intime et le collectif.

Loin de se contenter de présenter une trentaine d’œuvres d’artistes venus d’horizons variés, l’exposition a été conçue pour murmurer, questionner, interroger nos masques, nos fragilités, nos contradictions. Le Soundsuit de Nick Cave, rutilant d’objets d’enfance, dont un manifique cheval de manège, dissimule le corps tout en l’exposant. Non loin de là, Marilou Poncin et Chloé Delarue captent dans un vertige numérique les dérives de l’image de soi sur les réseaux sociaux. Autant de visages d’une société en quête de repères, où l’identité devient un terrain mouvant.

Hortensia, 2022, et Silence, 2024 de Jaume Plensa © Collection Villa Datris
Hortensia, 2022, et Silence, 2024 de Jaume Plensa © Collection Villa Datris

Dans le patio, les Trois prismes transparence d’Étienne Rey se fondent dans le végétal, seul la présence humaine bien en rompre l’harmonie. Ce n’est que par notre reflet qu’ils se révèlent, dans un jeu subtil entre disparition et apparition. À proximité, Médula de Javier Pérez — colonne vertébrale dressée comme une racine inversée — évoque, à travers son étrange beauté, une mémoire enfouie, une fragilité majestueuse.

Plus loin, Silence et Hortensia de Jaume Plensa, deux visages de verre poli tournés l’un vers l’autre, incarnent la complexité du dialogue intérieur. Hans Op de Beeck, lui, offre à voir une boxeuse en pause, visage sombre, corps apaisé, tandis que Kiki Smith creuse l’empreinte du corps comme territoire de mémoire.

Et puis, il y a ce jardin recréé en intérieur. Un espace de clarté suspendue, de pénombre travaillée, presque mystique. Armonico LXXXV d’Antonella Zazzera y déploie ses filaments de cuivre dans les branches d’un arbre. Autour, des sculptures chuchotent, respirent, vibrent à l’unisson. C’est là, dans ce théâtre végétal, que Mille et une vies atteint sa plénitude : en nous offrant, au cœur du monde, un miroir de nos jardins intérieurs.


Mille et une vies
Espace Monte-Cristo

9 rue Monte-Cristo
75020 Paris
du 19 avril au 14 décembre 2025
Entrée libre et gratuite

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