Vêtue de rouge, Natalie Dessay irradie la scène. On ne voit qu’elle. Faisant feu de tout bois, elle traverse le plateau, l’habite, le fait vibrer. Jeu, chant : elle incarne cette mère qui rêve de gloire et de strass pour ses filles — surtout la plus jeune, la plus jolie, la plus douée —, faute d’avoir pu concrétiser ses propres ambitions. À force de croire à ses propres mensonges, elle finit par se perdre dans ses illusions et reste sur le quai, abandonnée des siens.
L’histoire est banale, la trame sans accrocs. Aucune surprise n’attend le public, et pourtant, il se laisse séduire par la musique très Broadway de Jule Styne et les paroles de Stephen Sondheim. Dans le magnifique écrin de la Philharmonie, l’Amérique des années 1920 et 1930 reprend vie. En pleine Grande Dépression, de l’autre côté de l’Atlantique, le public réclame du showbiz, des paillettes et du patriotisme. Gypsy, d’après les mémoires de la stripteaseuse Gypsy Rose Lee, en constitue le parfait récit.
Contraint par un espace où doivent cohabiter musiciens et comédiens, Laurent Pelly place l’orchestre au centre d’un grand cadre noir que parcourent les interprètes. S’appuyant sur une distribution cinq étoiles, il signe une mise en scène dépouillée, mais efficace. L’objet est joli, mais trop linéaire. Gypsy lasse vite malgré un deuxième acte où les numéros burlesques promettent un second souffle à l’intrigue. La fable, hélas, ne décolle jamais vraiment. La faute à un jeu un peu démonstratif qui varie peu en intensité. Reste le talent de l’orchestre, dirigé brillamment par Gareth Valentine, celui de Nathalie Dessay et des autres interprètes — et ils n’en manquent pas.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore & Mathis Grosos
Gypsy de Jule Styne, Arthur Laurents et Stephen Sondheim D’après les mémoires de Gypsy Rose Lee
La Philharmonie de Paris – La Villette
221 Avenue Jean Jaurès
75019 Paris
du 16 au 19 avril 2025
Durée 2h20 avec entracte
Tournée
30 avril au 3 mai 2025 au Grand Théâtre du Luxembourg
Musique de Jule Styne
Livret d’Arthur Laurents
Paroles de Stephen Sondheim
Direction musicale de Gareth Valentine
mise en scène & costumes de Laurent Pelly
traduction des dialogues – Agathe Mélinand
Avec Natalie Dessay, Neïma Naouri, Medya Zana, Daniel Njo Lobé, Antoine Le Provost, Barbara Peroneille , Marie Glorieux, Kate Combault, Juliette Sarre , Rémi Marcoin , David Dumont, Léo Gabriel, Thomas Condemine, Pierre Aussedat et la Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique
chorégraphie de Lionel Hoche
lumières de Marco Giusti
scénographie de Massimo Troncanetti
collaboration aux costumes – Victoria Rastello
collaboration aux coiffures et maquillages – Daniela Eschbacher
assistant à la mise en scène – Paul Higgins
design sonore – Unisson Design
décor sonore – Aline Loustalot
chef de chant – Stéphane Petitjean
Avec l’Orchestre de chambre de Paris