Les contes de Perrault, mise en scène de Valérie Lesort © Farbice Robin
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Les Contes de Perrault : Une fantaisie burlesque et colorée 

À l’Athénée Théâtre Louis Jouvet, Valérie Lesort s’empare de la « Féérie lyrique » d’Arthur Bernède et Paul de Choudens, inspirée par l’œuvre du fabuliste français, parue en 1913 et mise en musique par Félix Fourdain. Réjouissant !

Que se passerait-il si le Petit Poucet, après être devenu prince grâce à une bonne fée, tombait amoureux de Cendrillon, qui, pour échapper à Barbe Bleue aurait troqué ses vêtements pour ceux de Peau d’Âne ? Si le Chat botté tentait, sans succès, de démêler ce sac de nœuds, avant que tout le monde ne soit plongé dans le sommeil par un sorcier ? Et si, dans un enchaînement (presque) logique, Cendrillon, devenue méconnaissable, finissait en Belle au bois dormant ?

Les contes de Perrault, mise en scène de Valérie Lesort © Farbice Robin
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Mélanger les personnages et les intrigues : voilà le pari détonnant du duo d’auteurs aujourd’hui oubliés, Arthur Bernède (1871-1937) et Paul de Choudens (1850-1925), avec le concours du compositeur Félix Fourdrain (1880-1923). Ensemble, ils ont imaginé à l’orée du XXe siècle cet opéra-comique inspiré de plusieurs contes de Charles Perrault (1628-1703). Plus d’un siècle plus tard, la metteuse en scène Valérie Lesort et le chef d’orchestre Dylan Corlay sortent cette féerie lyrique du tiroir et recréent, avec une malice contagieuse, un réjouissant condensé d’imaginaire.

Pour notre plus grand plaisir, les personnages s’animent sur scène comme s’ils sortaient d’un livre de contes : pailletés, chantants, et hélant les autres de leurs voix nasillardes… Dès l’ouverture, les sept frères du Petit Poucet donnent le ton (et surtout la couleur !) de cet univers décalé et volontiers grotesque, qui cultive à chaque instant l’art du pas de côté. Les méchantes sœurs de Cendrillon arborent ainsi des coiffes et des robes qui ressemblent à s’y méprendre à des pâtisseries, tandis que le monstre Olibrius, moulé dans une combinaison noire, avance sur ses victimes dans un pas de danse si ridicule qu’il en devient inoffensif.

Les contes de Perrault, mise en scène de Valérie Lesort © Farbice Robin
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Ce goût du facétieux se glisse dans les moindres détails, jusqu’aux dialogues. Valérie Lesort en profite pour opérer un pas de côté féministe bienvenu, pointant la misogynie enracinée dans certains contes de Perrault. Comme lorsque le Prince, de mauvaise foi, exige que Cendrillon l’aime même s’il est laid, alors qu’il ne pourrait lui-même envisager d’aimer une princesse qui ne serait pas jolie…


Si le découpage en saynètes nuit parfois à la fluidité de l’ensemble, cela ne gâche en rien le plaisir de redécouvrir ces univers que l’on croyait connaître par cœur. Joyeux et cruels à la fois, Les Contes sont ici magnifiés par les costumes éclatants et les voix lyriques des interprètes.


Les Contes de Perrault de Valérie Lesort, d’après Les Contes de Charles Perrault
Création le 28 mars à l’Opéra de Reims
Durée 2h15 entracte inclus

Tournée
4 au 17 avril 2025 à l’Athénée Théâtre Louis Jouvet
24 avril 2025 au Théâtre Impérial – Opéra de Compiègne
27 avril 2025 au Théâtre Raymond Devos – Tourcoing
21 au 26 novembre 2025 à l’Opéra de Dijon


Musique de Félix Fourdrain
Livret d’ Arthur Bernède, Paul de Choudens
Mise en scène de Valérie Lesort
Direction musicale de Dylan Corlay
avec Anaïs Merlin, Julie Mathevet, Romain Dayez, Enguerrand De Hys, Lara Neumann, Camille Brault, Eléonore Gagey, Hortense Venot, Richard Delestre, Philippe Brocard, Lucile Komitès, Geoffroy Buffière, Benjamin Gouy-Pailler (danseur), Julie Galopin (danseuse) et avec le chœur et l’orchestre des Frivolités parisiennes
Cheffe de chant – Delphine Dussaux
Conseiller artistique – Christophe Mirambeau

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