Aly Harkous © Local Vice
Aly Harkous © DR

Aly Harkous : Des écrans d’ordinateurs aux planches 

À La Colline-Théâtre national, le comédien libanais reprend son rôle de jeune premier dans une pièce de jeunesse de Wajdi Mouawad, Journée de noces chez les Cromagnons

Regard vif, pétillant, sourire aux lèvres, Aly Harkous est désarmant de simplicité, d’humanité. Curieux, passionné, sensible, il croque la vie à pleines dents. Vivant toujours au Liban, où il poursuit ses études théâtrales, malgré la crise sociale et économique et la guerre qui secouent depuis plusieurs années son pays, le jeune homme garde la foi. Son métier, c’est sa force, sa manière de lutter, de ne pas sombrer. 

Né dans un village du sud du Liban, il se destinait à une carrière d’informaticien, les yeux rivés sur un écran d’ordinateur. Mais un jour, le théâtre s’est présenté à lui comme une évidence, presque une urgence. Depuis, il ne l’a plus quitté.

Journée de noces chez les Cromagnons de Wajdi Mouawad © Simon Gosselin
© Simon Gosselin

« J’ai commencé par étudier l’informatique à Beyrouth », raconte-t-il, c’était logique, stable. Mais je sentais en moi une autre curiosité. Quelque chose qui ne se codait pas. » Dès qu’il le peut, il fréquente des plateaux de tournage, de clip ou de pub, observe, apprend en silence. 

Puis, une rencontre – ou plutôt, un groupe de rencontres : des étudiants en théâtre qui l’entraînent dans leur univers. « On allait voir des pièces ensemble, on discutait. Et petit à petit, jai senti que c’était là que je voulais être. » Il laisse alors tomber l’informatique, et entre à l’Université libanaise pour se former au jeu.

Pour Aly Harkous, chaque rôle est une conquête. « Ce que j’aime le plus, c’est le défi de créer un personnage. De partir de rien, de construire, de chercher une voix, un corps, un souffle. » Il évoque cette transformation avec des mots simples, mais profonds, ceux d’un jeune homme qui vit chaque rôle comme une quête intérieure. Et sur scène, il se nourrit d’une seule chose : l’autre. « L’énergie du public, ce n’est pas un échange rationnel. C’est un courant, une vibration. C’est ce qui m’équilibre. »

S’il a déjà tourné dans plusieurs courts-métrages, le jeune comédien garde une préférence pour les planches. Non pas qu’il n’aime pas le cinéma, ni la présence des caméras, mais par amour de l’instant. « Le théâtre, c’est ici et maintenant. C’est vivant. Le public est là, il respire avec toi. »

Pour autant, il reste ouvert à tout projet qui l’interpelle. « Le texte est ce qui mattire dabord. J’aime les écritures absurdes, les comédies noires, les choses qui dérangent un peu. Mais au fond, c’est le personnage qui mappelle. »

Journée de noces chez les Cromagnons de Wajdi Mouawad © Simon Gosselin
© Simon Gosselin

Un jour, il accompagne ses amis à une audition, organisée par une professeure de théâtre en lien avec le Théâtre Le Monnot, où doit être créée la prochaine pièce de Wajdi Mouawad, Journée de noces chez les Cromagnons« Je n’étais même pas sur la liste. J’attendais mes amis. » Mais quelque chose, dans sa présence, accroche immédiatement. Il auditionne. Il est choisi. Il jouera le fils.

« J’avais tellement envie de travailler avec lui… J’ai dit oui sans même lire le texte. » Un coup de cœur artistique, confirmé par l’expérience. Jouer en France, à Paris, en tournée : une autre scène, un autre souffle, mais toujours ce même feu.

Aujourd’hui, Aly ne se fixe pas de frontières. « Ce n’est pas le lieu qui mimporte. C’est le projet. Si le texte me parle, si l’équipe me touche, je suis prêt. Que ce soit au Liban, en France, ou ailleurs. »

Vivre au Liban aujourd’hui, c’est faire face à une instabilité presque permanente : tensions politiques, guerre en arrière-fond. Et pourtant, Aly joue. Il crée. Il persiste. « Pour moi, c’est la seule manière de ne pas sombrer. L’art, c’est une façon de raconter ce qu’on vit, de résister, de sublimer. Si on perd ça, il ne reste plus rien. »


Journée de noces chez les Cromagnons de Wajdi Mouawad
Première française le 9 juin 2024 au Printemps des Comédiens
durée 2h environ

Tournée
29 avril au 22 juin 2025 : La Colline, Théâtre National, Paris

mise en scène de Wajdi Mouawad assisté de Cyril Anrep
Dramaturgie de Charlotte Farcet
Avec Fadi Abi Samra, Jean Destrem, Layal Ghossain, Aly Harkous, Bernadette Houdeib, Aïda Sabra

Traduction en libanais et surtitrage – Odette Makhlouf
Scénographie d’Emmanuel Clolus
Lumières de Laurent Matignon
Musique originale de Nadim Mishlawi
Son de Annabelle Maillard
Vidéo de Stéphanie Jasmin
Accessoires – Michelle Feghali
Costumes d’Isabelle Flosi
Maquillage et coiffures de Cécile Kretschmar
Fabrication des accessoires, costumes et décor – Ateliers de La Colline

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