Pendant longtemps, Fatima Ndoye, née de mère suisse et de père sénégalais, n’a eu cure de la couleur de sa peau, puis, on lui a fait bien comprendre qu’elle signifiait quelque chose. Ces mots, Quand j’étais blanche…, reviennent en leitmotiv dans son récit, finement composé de ses souvenirs d’enfance, de son initiation à la vie dans une société occidentale, où – comme le souligne Gaël Faye dans sa chanson Métis – « … le métis n’a pas sa place dans un monde dichotomique. »
Mise en scène par Nathalie Dorion, chorégraphiée par Alioune Diagne et mise en lumière par Julie Znosko, la formidable Fatima Ndoye nous embarque dans son histoire intime qui touche à l’universel. Avec une belle dextérité, elle balance ses vérités à coups de traits d’humour. Certains sont destinés à souligner les aberrations, incongruités, énormités qui ont jalonné son parcours. D’autres à évoquer sa famille suisse aimante, son père étranger et absent, ses ami.e.s et leurs familles, ses choix de vie. C’est par la danse qu’elle l’émotion, les déchirements, les douleurs, les questionnements, les racines.
Quand elle a créé son spectacle, il y a dix ans, elle s’arrêtait sur sa découverte de l’autre partie d’elle, le Sénégal, l’Afrique. Depuis, elle l’a nourrie de ces années passées à trouver la réponse à ce métissage si riche. Pour reprendre le refrain de Gaël Faye : « Quand deux fleuves se rencontrent, ils n’en forment plus qu’un et par fusion nos cultures deviennent indistinctes. Elles s’imbriquent et s’encastrent pour ne former qu’un bloc d’humanité debout sur un socle ». Ce socle encore bancal qui devrait un jour se consolider et nous faire espérer que l’on dépassera l’idée qu’une couleur de peau enferme dans des « cases ».
Marie-Céline Nivière
Quand j’étais blanche, texte et interprétation Fatima Ndoye
Théâtre Lepic
1 avenue Junot
75018 Paris.
Jusqu’au 30 avril 2025
durée 1h10.
Mise en scène de Nathalie Dorion
Création lumière et régie de Julie Znosko
Conseil chorégraphique d’Alioune Diagne.
