Afin de célébrer Taïwan, joyau îlien de l’océan indien, d’en louer sa diversité, ses peuples, Lin Hwai-Min signe un ballet onirique, épuré qui allie avec virtuosité tradition et danse contemporaine. Des mots poétiques à l’envoûtante musique, en passant par l’interprétation ciselée des artistes, Formosa invite à un voyage immobile au cœur de l’Orient. Un moment plein de grâce.
La scène est nue. Le mur du fond et le sol sont peints en blanc, telles des pages immaculées qui ne demandent qu’à inscrire toutes les histoires de Formosa – nom donné par les Portugais à l’île tant ils ont été subjugués par sa formidable beauté. Imperceptiblement, le plateau est envahi par d’étranges silhouettes portant des vêtements usés, abîmés. Puis une voix grave, celle de Chiang Hsun, s’élève et conte la magie d’un pays, son immuable magnificence. Tableau après tableau, solo, pas de deux ou danses de groupe esquissent un monde constitué de différents peuples qui vivent au rythme de saison, de cultures disparates qui s’entremêlent. Des montagnes nuageuses au bord de mer battu par les vents, c’est toute une terre qui se dévoile sous nos yeux.
Dessinant des paysages fantasmés, grâce à des images projetées de caractères chinois assemblés de façon très ingénieuse, Lin Hwai-Min offre un écrin numérique à ses jeunes et talentueux interprètes. Si la ligne chorégraphique n’a rien d’innovante, sa pureté, sa parfaite sobriété suffisent à envoûter un public conquis. Puisant dans les danses traditionnelles de son pays, ainsi que dans celles des aborigènes qui le peuplent depuis des millénaires, l’artiste taïwanais, qui a su imposer sa marque dans le monde entier, invente une nouvelle grammaire qui se conjugue parfaitement avec les élans d’une danse résolument contemporaine.
Séduit par la fluidité des mouvements, l’élégance des gestes, on se laisse parfois, et c’est fort dommage, perturber par la lecture des textes oniriques surtitrés. Toutefois, l’ensemble envoûte et charme tant on devine derrière cette fresque grandiose, toute l’histoire d’un pays singulier et enchanteur. Un moment hors du temps, une balade en terre d’Orient !
Par Olivier Fregaville-Gratian d’Amore
Formosa de Lin Hwai-min
Cloud Gate Dance
Theatre of Taïwan
Grande Halle de la Villette
Théâtre de la Ville, Hors les murs
211 Avenue Jean Jaurès
75019 Paris
durée 1h15
Concept & chorégraphie de Lin Hwai-min
Récitation de Chiang Hsun
Musique de Kaija Saariaho, Liang Chun-mei, Sangpuy Katatepan Mavaliyw
Lumières de Lulu W.L. Lee
Costumes d’Apu Jan
Projection de Chou Tung-yen & Very Mainstream Studio
Vidéographie de Chang Hao-jan (Howell)
avec Chou Chang-ning, Huang Mei-ya, Huang Pei-hua, Tsai Ming-yuan, Hou Tang-li, Ko Wan-chun, Su I-ping, Yang I-chun, Chen Mu-han, Kuo Tzu-wei, Lin Hsin-fang, Wong Lap-cheong, Cheng Hsi-ling, Chou Chen-yeh, Fan Chia-hsuan, Huang Li-chieh, Chen Lien-wei, Huang Yu-ling apprentis Hsu Chen, Lin Yun-cheng, Lu Wen-shan, Tu Shang-ting
Crédit photos © Liu Chen-Hsiang