Vos débuts
Votre premier souvenir d’art vivant ? Une scène, une émotion, un moment marquant ?
À 11 ans, on m’a emmenée voir La Mégère apprivoisée au Théâtre Le Cratère d’Alès. J’étais scotchée. Je ne me souviens plus des acteurs, mais je garde en mémoire une sensation nouvelle : le privilège d’assister à de vraies émotions, à une forme de cinéma bien réelle. La semaine suivante, je suis allée voir le seul comédien du village pour lui demander de monter un cours de théâtre.

Le déclic : Qu’est-ce qui vous a poussé·e à choisir cette voie ?
Il y a eu plusieurs étapes : d’abord, le plaisir de faire rire le public étant enfant, puis la rencontre avec un professeur exceptionnel, Raymond Godefroy, à Amiens. Il était érudit, passionnant, d’une exigence intellectuelle remarquable. Il construisait sans cesse des ponts entre les arts, les disciplines et les genres. Cette ouverture d’esprit nous a donné l’envie de poursuivre après le lycée.
Pourquoi ce métier ?
Aujourd’hui, je partage mon temps entre le jeu et la mise en scène, et cet équilibre me plaît énormément. L’un nourrit l’autre et me permet de garder conscience des enjeux liés à ces deux rôles. Ces pratiques m’amènent aussi dans des milieux très différents : je joue au théâtre et je mets en scène exclusivement des spectacles musicaux (opéra, opérette, cabaret, récital…). Passer de l’un à l’autre me permet de renouveler sans cesse mon intérêt pour ces formes artistiques. Aujourd’hui plus que jamais, on ressent la nécessité de jouer et de créer des projets en résonance avec le monde qui nous entoure.
Racontez-nous le tout premier spectacle auquel vous avez participé. Une anecdote marquante ?
Il y a eu plusieurs premières fois : ma première rencontre avec le public étant enfant, mon premier spectacle d’école (à Asnières), mon premier contrat, mes premières grandes productions…
Avec Croyances#1, c’est la première fois que nous jouons une “première” chaque soir, en acceptant que le public assiste à nos réussites comme à nos échecs.
Passions et inspirations

Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Je pense immédiatement au Requiem de Castellucci ou à Moeder de Peeping Tom.
Quelles rencontres ont marqué votre parcours ?
Il est très difficile de ne citer que quelques noms. Je peux parler de toute l’équipe de Coups de roulis, l’opérette que j’ai mise en scène en 2023. J’ai aimé travailler avec chaque personne de ce projet. L’expérience s’est déroulée avec un naturel et une joie tels qu’elle reste un marqueur fort de ce que j’aime dans ce métier : une construction collective dans un cadre de travail sain et créatif.
Où puisez-vous votre énergie créative ?
Je discute constamment avec Pascal Neyron, mon compagnon, qui est aussi metteur en scène. Ces échanges nourrissent profondément mes projets, que ce soit lorsque je suis sur scène ou en salle à la direction.
En quoi ce que vous faites est essentiel à votre équilibre ?
Comme je le disais plus haut, c’est notre manière de contribuer à écrire le monde d’aujourd’hui, de l’observer et de le façonner humblement à travers les œuvres que nous partageons avec le public.
L’art et le corps

Que représente la scène pour vous ?
Un espace créatif où peuvent cohabiter plusieurs émotions, disciplines et pensées.
Où ressentez-vous, physiquement, votre désir de créer et de jouer ?
Le ressenti est global : le corps et l’esprit se meuvent ensemble. J’éprouve un plaisir particulier lorsque les œuvres permettent de traverser des émotions contradictoires, que le corps prend en charge en partie.
Rêves et projets
Avec quels artistes aimeriez-vous travailler ?
Avec des metteurs en scène avec qui je travaille déjà, comme Pauline Susini et Pascal Neyron. J’admire infiniment le travail de Lorraine de Sagazan.
Il y a aussi beaucoup d’acteurs avec qui j’aimerais collaborer ou retravailler. J’ai adoré rencontrer Paul Jeanson sur Ubu Roi, c’est un acteur brillant.
Si tout était possible, à quoi rêveriez-vous de participer ?
À une œuvre totale : plastique, théâtrale et musicale.
Si votre parcours était une œuvre d’art, laquelle serait-elle ?
Un tableau de Suzanne Valadon.
Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Croyances #1, texte et mise en scène de Guillermo Pisani
Théâtre 13 / Glacière
103 A boulevard Auguste Blanqui
75013 Paris.
Du 11 au 21 mars 2025
durée 2h15.
Dramaturgie, recherche et diffusion des savoirs Marion Boudier
Avec Marc Bertin, Michèle Colson, Sol Espeche, Pauline Jambet, Maxime Le Gall, Étienne Parc, Benjamin Tholozan, Julien Villa
Et la participation du Jeune Théâtre en Région Centre-Val de Loire Félix Amard, Joséphine Callies, Claire Freyermuth, Camille Grillères, Luka Mavaetau
Assistanat dramaturgie et mise en scène Lélia Sibony, Côme Leterrier
Création musicale Nicolàs Diab
Collaboration musicale Michèle Colson, Sol Espeche, Maxime Le Gall
Régie lumières Laure Ménégale