Nous sommes en décembre 2021. Moins d’un an plus tôt, l’explosion du port de Beyrouth a défiguré la ville, aggravant encore le quotidien de ses habitants. Un homme (Nadim Bahsoun), artiste installé en France, revient sur sa terre natale pour voir ses parents. L’occasion, pense-t-il, d’en profiter pour refaire son passeport. Une formalité ? Grave erreur.
Au–delà du réel

Dans un pays ravagé par la guerre et miné par une crise politique, sociale et économique, plus rien ne fonctionne normalement. L’administration ne fait pas exception. Obtenir une nouvelle pièce d’identité relève du parcours du combattant : il faut patienter toute la nuit, debout, pour espérer décrocher un ticket donnant accès à un rendez-vous. Mais rien n’est jamais garanti : d’un jour à l’autre, le planton peut décider de modifier les règles – nouveaux documents exigés, quotas réduits… L’absurde dans toute sa splendeur.
Commence alors une attente interminable, dans un terrain vague balayé par les phares des voitures, sans possibilité de s’asseoir ni même d’aller aux toilettes. De cette expérience kafkaïenne naît une réflexion, qui prend forme dans le mouvement : une danse, un récit en gestes. C’est là qu’intervient Aïda (Mona El Yafi), jeune femme d’origine libanaise qui n’a découvert le pays de son père qu’à l’âge de dix ans. À travers elle, Nadim met enfin des mots sur ce qu’il vit.
Chérir son identité malgré tout
Ensemble, dans une mise en scène épurée, qui joue sur les clairs-obscurs, ils confrontent leurs visions du Liban, entre fantasme et réalité, entre attachement viscéral et chaos. En conjuguant leurs arts, ils donnent corps littéralement et voix à ce pays tourmenté, tout en questionnant leur propre identité. Comment appartenir à une terre en perpétuelle reconstruction ? Ma Nuit à Beyrouth ne cherche pas de réponse, mais transforme l’absurde en matière artistique, vibrant hommage à un Liban meurtri, mais toujours debout.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Ma Nuit à Beyrouth de Mona El Yafi
spectacle créé le 14 janvier 2025 à la Scène Europe, Saint-Quentin puis présenté le 7 et 8 mars 2025 à l’Institut du Monde arabe
Durée 1h20 environ
Tournée
20 mars 2025 au Théâtre de l’Atrium, Dax
27 mars 2025 à l’Auditorium de la Louvière, Épinal
1er avril 2025 au Théâtre Na Loba, Pennautier
3 avril 2025 au Théâtre Benoit-XII, Avignon
5 et 7 avril 2025 au Théâtre municipal de Villefranche-de-Rouergue
10 avril 2025 à la Salle de l’Evêché, Uzès
30 avril 2025 au Théâtre de la Maison du Peuple de Millau
6 mai 2025 à la Salle Georges-Brassens, Lunel
12 mai 2025 au Théâtre de l’Odéon, Nîmes
Conception de Mona El Yafi et Nadim Bahsoun
Mise en scène et interprétation de Mona El Yafi
Chorégraphie et interprétation de Nadim Bahsoun
Assistanat à la mise en scène – Elise Prévost
Collaborateur artistique et regard extérieur théâtre – Ayouba Ali
Regard extérieur danse – Krystel Khoury
Création sonore de Najib El Yafi
Scénographie de Marcel Flores
Création lumière d’Alice Nédélec et Océane Farnoux
Création costumes de Gwladys Duthil