Comment, aujourd’hui, définiriez-vous La Factory ?
Laurent Rochut : La Factory, c’est avant tout un bouillonnement artistique permanent ! Nous offrons aux compagnies émergentes un véritable terrain de jeu où elles peuvent tester, expérimenter, se réinventer sans cesse. Chaque année, nous accueillons 40 semaines de résidences au théâtre de l’Oulle et la salle Tomasi est ouverte toute l’année aux cies émergentes du territoire. On ose, on se trompe, on recommence, et c’est cette effervescence qui fait la richesse du lieu. Le nom « Factory » n’a pas été choisi au hasard : il fait référence à l’univers de Warhol, cet espace de création foisonnant où les disciplines se croisent. Théâtre, danse contemporaine, musique du monde, et même rap : notre volonté est d’explorer tous les horizons artistiques !
Le Festival Off Avignon est le point névralgique de votre programmation ?

Laurent Rochut : Essentiellement, mais pas uniquement ! Nous avons aussi des temps forts qui rythment l’année. Par exemple, la Semaine italienne d’Avignon, un festival de musique du monde en novembre, ou encore un festival de clown et d’humour féroce en janvier. Et bien sûr, notre rendez-vous phare du printemps : « Girl, Girl, Girl », un festival dédié aux écritures féminines qui ne cesse de prendre de l’ampleur. En 2025, nous étendons la programmation sur trois week-ends ! Et puis, il y a nos collaborations avec d’autres institutions culturelles locales, qui enrichissent encore notre programmation.
Vous avez également récemment élargi votre projet…
Laurent Rochut : Nous avons repris l’Espace Roseau-Teinturiers, et nous voilà avec cinq salles ! Ce nouveau lieu nous permet d’accueillir les créations en faisant du « sur-mesure » et d’accompagner de nombreux talents en devenir. J’ai toujours accordé une grande importance à la détection des nouveaux artistes, et la petite salle de Roseau Teinturiers, avec ses 90 places, nous permet de renforcer l’engagement que nous menons déjà aux Antonins.
La Factory va aussi proposer un espace dédié aux clown.e.s à partir de cette année ?
Laurent Rochut : J’ai une vraie passion pour les esthétiques clownesques et je trouve qu’Avignon manquait d’un lieu qui leur soit dédié. Nous allons créer un espace semi-ouvert au Collège Vernet, avec une jauge de 246 places. Ce sera un espace de liberté pour les formes hybrides, entre théâtre et arts de rue. En parallèle, nous inclurons aussi du clown dans la programmation de nos autres salles. Mieux encore, nous voulons initier des dialogues entre les clowns et d’autres artistes afin de faire naître des créations inédites et surprenantes !
Comment choisissez-vous les spectacles que vous programmez ?

Laurent Rochut : C’est un vrai travail d’orfèvre ! 90% des spectacles que j’accueille, je les ai vus en direct ou accompagnés en résidence. Pour les autres, je regarde des captations, et croyez-moi, ça me prend des heures et des heures entre septembre et novembre ! Mais c’est essentiel pour proposer une programmation exigeante et cohérente. Mon but est de dénicher des œuvres qui résonnent, qui bousculent, qui interpellent et qui offrent un regard neuf sur le monde d’aujourd’hui.
Le Festival OFF Avignon voit ses dates légèrement resserrées en 2025. Quel impact pour vous ?
Laurent Rochut : Nous perdons une journée, passant à 22 jours au lieu de 23. C’est une décision prise en accord avec le In et la ville. Il devenait difficile de maintenir une fréquentation soutenue jusqu’aux derniers jours. Nous espérons qu’avec cette durée plus condensée, le public sera encore plus nombreux sur chaque spectacle, et que cela renforcera l’énergie du festival.
Vous développez aussi un projet de classes découvertes du théâtre ?
Laurent Rochut : Oui ! C’est un projet qui me tient particulièrement à cœur. En partenariat avec le YMCA des Angles, nous allons proposer aux écoles des classes découvertes autour du théâtre à La Factory/Roseau Teinturiers. Au programme : comédia dell’arte, écriture, danse hip-hop, arts urbains… Et pour aller encore plus loin, les élèves assisteront à des répétitions de compagnies en résidence. Ils seront plongés au cœur du processus de création artistique, une expérience unique qui, j’en suis certain, marquera les esprits !
Comment financez-vous toutes ces initiatives ?

Laurent Rochut : Avec beaucoup de débrouillardise et de passion ! Nous avons très peu de subventions : 10 000 € de la ville, 7 000 € du département, et toujours rien de la région (mais on garde espoir !). Du coup, c’est la marge bénéficiaire du Off qui nous permet de financer l’activité à l’année. Nous avons aussi lancé des partenariats avec des entreprises mécènes et explorons des solutions de financement participatif. C’est un défi constant, mais la motivation et l’envie de faire vivre l’art l’emportent toujours !
En somme, La FACTORY est un lieu hybride, entre laboratoire artistique et espace de diffusion ?
Laurent Rochut : En juillet, nous voulons compter au nombre des lieux prescripteurs, où un véritable travail de programmation est mené, mais nous ne voulons pas n’être qu’un simple lieu de passage. La Factory doit être un espace où l’art se vit pleinement, toute l’année ! C’est un lieu où les artistes peuvent rêver, créer, se confronter au public et repousser leurs propres limites. C’est aussi un endroit où la transmission entre générations est essentielle, pour nourrir une dynamique culturelle vivante et inspirante !
Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
La Factory
Rue plaisance
84000 Avignon