Vêtus de la tête aux pieds de longs châles bariolés, rappelant les tenues des poupées russes, les sept interprètes naviguent entre les spectateurs. Les portes ne sont pas encore ouvertes que, déjà, le cérémonial a commencé. Quelques sifflements émis par des flûtes cachées sous les tissus, des pas de danse esquissés, la joyeuse bande entraîne le public dans la salle, le rituel peut débuter.
Un ballet ludique
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Une voix résonne, invitant à poursuivre les conversations, le spectacle n’a pas encore commencé. Imperceptiblement, les lumières se tamisent, les danseuses et danseurs rejoignent, un à un, le centre de la scène immaculée. Les mains s’unissent, une ronde se forme, et les premiers mouvements lui donnent vie. Ce motif, colonne vertébrale de cette œuvre chamarrée, se brise parfois en éclats satellites, mais se reforme. Mille fois répété, il subit d’infimes variations qui lui confèrent un aspect polymorphe et pluriel.
Empruntant autant aux jeux de l’enfance qu’aux différents folklores du monde – la ronde est universelle –, Pierre Rigal s’amuse avec cette grammaire chorégraphique simple pour inventer de nouveaux rituels. Saupoudrant l’ensemble d’un peu de hip-hop, il joue avec les imaginaires des spectateurs. Les petits y verront une matière kaléidoscopique, les grands des formes plus géométriques. D’autres encore percevront un ballet de planètes qui s’attirent et se repoussent.
Une transe kaléidoscopique
À l’unisson du son psychédélique composé en direct par Gwenaël Drapeau et de la voix magnétique de Mélanie Chartreux, les corps des danseurs se laissent emporter dans une transe communicative. Leurs visages sont radieux, ils tournent et virevoltent à l’infini. Leurs ombres, projetées sur le mur du fond de scène par un jeu d’éclairage particulièrement travaillé, esquissent une autre danse, plus ondulatoire, presque irréelle. Rien de spectaculaire ni de véritablement novateur, mais un ensemble d’idées qui se juxtaposent habilement pour créer une performance d’une redoutable efficacité.
Comme emporté par ce charivari de couleurs et de mouvements, le public, séduit, se laisse hypnotiser. Pas question de se quitter ainsi : brisant le quatrième mur, Pierre Rigal et sa troupe viennent chercher les spectateurs et les entraînent dans une belle farandole, jusqu’au bout de ce rêve éveillé. Le moment est magique. La communion a bien eu lieu !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Douai
R.onde.s de Pierre Rigal
créé le 11 octobre 2024 au Panthéon – Centre des Monuments nationaux dans le cadre des Hors-les-murs de la MC93
Tournée
27 et 28 février 2025 au TANDEM Scène nationale – Douai
01 avril 2025 Au Tanzmainz Festival, Mayence
17 mai 2025 au Château de Chambord en partenariat avec La Halle aux Grains scène nationale de Blois
4 et 5 juin 2025 à L’Estive scène nationale de Foix et de l’Ariège
19 et 20 juin 2025 à la Völklinger Hütte en partenariat avec le Carreau scène nationale de Forbach
28 juin 2025 au Centre culturel R.Desnos / Scène nationale de l’Essonne, Ris-Orangis
29 juin 2025 au Domaine de Chamarande / Scène nationale de l’Essonne
Conception, chorégraphie et mise en scène de Pierre Rigal
Musique originale de Gwenaël Drapeau et Mélanie Chartreux
Avec Ismaël Belabid, Camille Hinsinger, David Mazon, Camilo Sarasa Molina, Maé Nayrolles, Jacob Neff, Léa Pérat, Emma Rouaix
Diffusion son – George Dyson
Création lumières de Christophe Bergon
Collaboration artistique – Roy Genty
Costumes de Pierre-Louis Mascia assisté de Victor Deneumoustier