Comment est née l’idée de transformer la Maison Germaine Tillion en résidence d’artistes ?
Amélie-Anne Chapelain : Le projet est né d’une réflexion sur l’avenir de cette maison située en bordure du marais du Dreff et de la Petite Mer de Gâvre. Construite par Germaine Tillion en 1960, elle est restée inoccupée après son départ en 2003-2004. La propriété a alors été vendue au Conservatoire du Littoral, principalement soucieux de la préservation du site naturel environnant, classé zone Natura 2000. Ce site constitue une escale migratoire importante pour de nombreuses espèces d’oiseaux et abrite une biodiversité remarquable d’espèces menacées.
Le Conservatoire ne s’intéressait pas à la maison elle-même et avait envisagé sa démolition, faute d’intérêt architectural. Cependant, la ville de Plouhinec a engagé un dialogue avec le Conservatoire pour donner un nouvel usage à cette maison et en faire une résidence d’artistes, dont la gestion a été confié à la CAMP, (Capsule artistique en Mouvement Permanent) , dont je suis l’actuelle directrice artistique.
Pourquoi ce choix ?
Amélie-Anne Chapelain : L’objectif était de redonner vie à cette demeure qui était délaissée et parfois squattée. Son emplacement et son parc en font un lieu fascinant, entre terre et mer, propice à l’inspiration. L’idée d’une résidence d’artistes s’est donc imposée naturellement. De plus, transformer cette demeure en un espace de création, d’échanges culturels et de partage respecte en tous points la mémoire et les valeurs portées par Germaine Tillion.
Qui peut accéder à la maison et à ses espaces extérieurs ?
Amélie-Anne Chapelain : La maison a été conçue pour être ouverte au public tout en préservant des espaces privés pour les artistes en résidence. Le jardin, faisant partie du domaine public, est librement accessible. Il n’y a ni verrou ni portail fermé, ce qui permet à chacun de s’y promener à tout moment. Toutefois, certaines règles doivent être respectées, comme l’adoption d’un mode de pique-nique « zéro déchet » en raison de la sensibilité écologique du site. Nous organisons aussi des événements réguliers pour permettre aux visiteurs de découvrir les créations des artistes résidents et d’échanger avec eux.
Comment s’organisent les résidences et quels types d’artistes sont accueillis ?
Amélie-Anne Chapelain : Nous pouvons accueillir trois artistes simultanément, avec trois formats de résidence : des séjours courts (une à trois semaines), des résidences de territoire (deux à trois mois) et une résidence permanente d’un an. Cette dernière assure une continuité dans l’accueil et la gestion du lieu. L’artiste en résidence permanente partage son temps entre son propre travail de création et la coordination de la maison. Nous accueillons une grande diversité de disciplines : arts plastiques, danse, littérature, design, photographie, mais aussi des chercheurs en sciences sociales et humaines, afin de favoriser les échanges interdisciplinaires.
Des événements ponctuels marquants auront-ils lieu dans l’année ?
Amélie-Anne Chapelain : Oui, notamment lors des Journées du Patrimoine et à travers des événements thématiques appelés Les Astrales, qui marqueront la fin des cycles de résidence.
Nous avons aussi mis en place Un dimanche chez Germaine, un rendez-vous convivial mensuel où les artistes présentent leurs travaux à travers des ateliers, des lectures et des performances. De plus, chaque mercredi après-midi, la maison est ouverte aux familles avec des activités spécifiques, et chaque samedi matin, nous proposons des pratiques somatiques.
Cette organisation flexible nous permet d’ajuster les événements en fonction des dynamiques artistiques et des attentes du public.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Plouhinec
La Maison Germaine Tillion
chemin de Kerouzine
56680 Plouhinec
