Chemise blanche, pantalon sombre et baskets aux pieds, Kader Attou apparaît dans la pénombre. Sa silhouette svelte et souple semble fendre l’air. Il s’avance vers une table placée à l’avant de la scène, s’assied et ouvre son carnet de bord. Comment raconter son histoire, celle d’un homme, d’un artiste et d’un style ? En se frottant à d’autres esthétiques ou, au contraire, en réinventant sa propre écriture en la confrontant à une nouvelle génération de danseurs et danseuses ?
Comme si le spectacle s’écrivait au fur et à mesure, le chorégraphe, cadet inattendu et inespéré de son frère jumeau, sixième enfant d’une grande fartrie, lance des pistes, les explore avant de revenir à l’essence même de la danse et de l’énergie pure. Profitant d’une pause, il raconte son histoire : sa naissance, sa famille, ses premiers pas dans la boxe, puis sa passion pour le mouvement. Si La Cinquième de Beethoven, et son célèbre pompompompom, ouvre la boîte de Pandore de ses souvenirs, ce sont les compositions électro d’Olivier Dubois, prenantes et entêtantes, qui viennent soutenir les gestes vifs et tourbillonnants de ses neuf interprètes.
De la pure et folle énergie
Surfant sur les flows vrombissants des baffles, Antuf Jkay Hassani, Azdine Bouncer, Alexis de Saint Jean, Damien Bourletsis, Simon Hernandez, Aline Lopes, Yann Miettaux, Nabjibe Saïd et Margaux Senechault courent, virevoltent et organisent des battles. Enchaînant shoulder freeze, six step ou spin down, ils font de la scène un espace de pure liberté que seul le son dompte. Ça fuse dans tous les sens, jusqu’au vertige.
Combinant textes et gestes, Kader Attou reste fidèle à lui-même. S’il s’est essayé à d’autres grammaires chorégraphiques, il reprend dans ce Prélude tout ce qui le constitue et qui faisait la force captivante de Roots : une écriture pensée pour le groupe et qui ne prend son sens que dans la synergie du collectif. Si l’on peut regretter le côté trop bavard de la première partie, la seconde, véritable feu d’artifice hip-hop – emporte l’adhésion. Dans un geste spontané, dès que la lumière s’éteint, le public se lève, conquis par la haute technicité et la folle vitalité de ces artistes qui vibrent sur scène dans une unisson communicative et réjouissante !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Prélude de Kader Attou
Théâtre André Malraux – TAM
9 Pl. des Arts
92500 Rueil-Malmaison
le 12 février 2025
Durée 1h20
Tournée
8 avril 2025 au Théâtre Municipal Ducourneau, Agen
3 et 4 mai 2025 au Domaine d’O à Montpellier dans le cadre du Festival Saperlipopette
25 mai au Festival Onze Bouge, Paris
26 au 29 mai au Théâtre Durance, Scène Nationale, Château-Arnoux-Saint
5 au 13 juillet 2025 à la Scala- Provence, Festival off Avignon
19 septembre 2025 à Malakoff, Scène nationale
Chorégraphie de Kader Attou
Avec Antuf Jkay Hassani, Azdine Bouncer, Alexis de Saint Jean, Damien Bourletsis, Simon Hernandez, Aline Lopes, Yann Miettaux, Nabjibe Said, Margaux Senechault
Musique de Romain Dubois
Lumières de Cécile Giovansili-Vissière