À l’époque, l’écrivain et dramaturge Florian Zeller avait créé la surprise avec La Vérité, un boulevard chic à la Jean Poiret. Les rôles étaient tenus alors par Pierre Arditi, Fanny Cottençon, Christiane Millet et Patrice Kerbrat. Ce dernier signait la mise en scène. Aujourd’hui, c’est Ladislas Chollat qui est aux commandes d’un nouveau quatuor composé de Stéphane De Groodt, Sylvie Testud, Clotilde Courau et Stéphane Facco.
Le mensonge comme art de vivre
![La vérité - Zeller - Chollat © Cyril Bruneau](https://www.loeildolivier.fr/wp-content/uploads/2025/02/La-Verite-Cyril-Bruneau-1.jpg)
L’histoire est simple : Vincent trompe son épouse avec la femme de son meilleur ami. Et qui dit adultère dit petits arrangements avec la vérité. Or Vincent, qui aurait pu être un personnage de Feydeau, est un expert dans l’art du mensonge, car selon lui dire la vérité « c’est faire du mal aux autres ». Ben voyons ! Pour cela, il a mis en place, très égoïstement, une petite machinerie parfaite. Les rouages du mécanisme s’enrayant, il va se prendre les pieds dans le tapis. La chute n’est pas brutale, juste surprenante. Dans l’esprit du dramaturge anglais Harold Pinter, Zeller fait comprendre que Vincent, tel l’arroseur arrosé, est « un menteur à qui tout le monde ment ». Et le plus drôle, c’est qu’il n’y croit pas un seul instant.
Comme une horlogerie Suisse
La mise en scène de Ladislas Chollat est rutilante et les décors de William Mordos impressionnants. Chaque changement de lieu est à lui seul un ballet virtuose de meubles et de panneaux déplacés par les régisseurs plateaux, même si parfois, cela peut finir par donner un peu le tournis. Néanmoins, le metteur en scène a su garder le rythme vaudevillesque de l’action par l’efficacité de sa direction des acteurs.
Stéphane De Groodt est impayable en mari volage qui patauge allègrement ! Comme un personnage de Tex Avery, le comédien est toujours en mouvement. Il répète inlassablement des « hein ? » qui se font de plus en plus délectables au fil de l’intrigue. Délicate, attentionnée et taquine, Sylvie Testud est étonnante dans le rôle de la maîtresse pas dupe une seconde. Clotilde Courau surprend dans ce personnage de femme ayant des doutes sur la fidélité de son époux. La comédienne qui nous avait tant séduit par son interprétation de la bourgeoise trompée dans Une situation délicate, l’incarne ici avec une distance un peu trop ironique. Un choix qui ne convainc pas totalement. Stéphane Facco, en époux de la maîtresse et meilleur ami de l’amant, est un fin renard rusé. La salle comble du théâtre Edouard VII démontre que l’adultère et ses mensonges demeurent une source de divertissement intarissable !
Marie-Céline Nivière
La Vérité, de Florian Zeller
Théâtre Edouard VII
10 place Edouard VII
75009 Paris.
Du 23 janvier au 27 avril 2025
Durée 1h30
Mise en scène de Ladislas Chollat assisté d’Éric Supply
Avec Stéphane De Groodt, Sylvie Testud, Clotilde Courau, Stéphane Facco
Décors de William Mordos
Lumière de Dimitri Vassiliu
Costumes de Jean-Daniel Vuillermoz