À la manière des grands auteurs de fiction d’anticipation, le jeune auteur et metteur en scène Samuel Petit, place son spectacle dans un futur pas si lointain. Deep Learning Amnésie Profonde est un titre intriguant. Deep Learning peut se traduire comme apprentissage complexe. Quant à l’amnésie, c’est le mal de ce début de siècle, la perte de la mémoire, par la maladie, mais aussi par « l’invasion » de l’IA et de la robotisation.
Si on entend, la voix d’une vieille femme au propos peu cohérent, la vieillesse, Alzheimer ou la sénilité ne sont pas l’angle d’attaque. Dans ce centre de santé ultramoderne, les deux patients, Betty et Boris, ont à peine trente ans. Leur mémoire est tombée dans un grand trou à la suite d’événements, dont on connaîtra la nature au fil de la pièce. Deux médecins sont derrière un comptoir. Ce qui met une distance troublante entre patients et soignants. Ce sont les robots qui se chargent du lien. Surtout Bina48 qui ne cesse d’apprendre à marcher, à parler, à se cultiver.
L’auteur expose très adroitement le processus des pertes cognitives. Rosalie Comby (Betty) et Thomas Mallen (Thomas) les interprétent subtilement. Marie Levy et Simon Avérous – qui accompagne de ses compositions le spectacle – sont impeccables. Morgane Vallée (L’affolement des biches) incarne à la perfection l’androïde qui se détend en lisant un roman d’Isaac Asimov. Son travail sur la gestuelle et la voix est admirable. La mise en scène très rythmée de Samuel Petit fourmille de trouvailles scéniques. Si le spectacle contient des maladresses, elles sont pardonnées parce qu’elles sont celles de la jeunesse. À suivre donc !
Marie-Céline Nivière
Deep Learning Amnésie profonde de Samuel Petit
Théâtre de la Reine Blanche
2 bis passage Ruelle
75018 Paris.
Du 1er février au 1er mars 2025
Durée 1h15
Avec Rosalie Comby, Marie Levy, Thomas Mallen, Morgane Vallée et Simon Avérous
Collaboration artistique de Marie Levy
Composition et musique live de Simon Avérous
Scénographie de Mathilde Cordier
Lumières de Paul Argi