Robe fourreau en velours sombre, chapeau de marin, Vaslav, le double travesti d’Olivier Normand, aime les voyages, qu’ils soient dans le temps, dans les sons et les mots. Silhouette androgyne, cheveux blonds courts plaqués, l’artiste se joue du genre. Charmeur ou allumeuse, gentleman maquillé avec soin ou grande dame pailletée, il aime la gouaille de Gainsbourg, la folie de Brigitte Fontaine et les mélodies envoûtantes de Caetano Veloso. Seul sur scène, accompagné d’une shruti box, instrument indien, cousin éloigné de l’harmonium à soufflet, il navigue dans les registres et entraîne le public vers des ailleurs fantasmés.
Voix chaude, douce, Vaslav ponctue son tour de chant d’anecdotes hautes en couleur, d’adresses au public. Élégant, bienveillant, il imagine un cabaret à sa sauce, intelligent et érudit. Les tubes de Kobain côtoient le Baby Alone in Babylon de Jane Birkin, les références à Roland Barthes, à Pina Bausch ou à Jean Genet. Querelle de Brest n’est jamais loin de cette longue dame brune qui se réinvente sur scène dans un long poème aux accents aussi drôles que tragiques.
Homme, femme, Vaslav est l’un, l’autre, les deux, une créature haute-couture qui jongle avec les mots et les notes. Troublant, incandescent, le double singulier d’Olivier Normand touche à l’âme, au cœur. Troubadour, il navigue dans les eaux sensuelles d’un imaginaire qui, par la magie du show, devient universel. La performance est un instant de grâce et de beauté. Une gourmandise sublimement, follement queer !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Vaslav
Conception et interprétation Olivier Normand
Vu le 13 juillet 2024 au Théâtre du Train Bleu dans le cadre de la journée Rainbow Day & Night
durée 1h
Tournée
1er février 2025 au théâtre Silvia Monfort dans le cadre du Festival Sonore #2
Son de Pablo Da Silva
Lumière de Vincent Brunol
Regard dramaturgique – Anne Lenglet
Robe d’Hanna Sjödin
