Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Le premier souvenir était au TNB à Rennes. Une pièce de danse de Montalvo-Hervieu. Mélanger danse classique et Hip-Hop c’était complètement nouveau pour moi. J’y étais de ma propre initiative, et avec le recul, je me rends compte que cela rendait l’expérience encore plus puissante.
Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
Très jeune, ma rencontre avec la danse a été totale. Je ne pensais qu’à cela, pratiquer et devenir danseur. Plus tard, la rencontre avec des œuvres de Sidi Larbi Cherkaoui, Pina Bausch ou Wim Vandekeybus m’ont fait persister.
Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être danseur et chorégraphe ?
La danse est un art qui implique le corps, je pense que c’est cela qui m’a « appelé ». J’ai également fait beaucoup de musique, mais il fallait privilégier une pratique solitaire avant tout. Ce que j’ai tout de suite aimé en cours de danse, c’est la nécessité d’être ensemble pour pratiquer. C’est une aventure humaine, collective qui décuple cet art à mes yeux.
Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Je ne m’en souviens plus vraiment. C’était à l’âge de trois ans. Il ne reste que des photos d’un enfant heureux et fier d’être devant un public. Un petit garçon seul au milieu des tutus, mais cette prise de conscience là sera pour plus tard.
Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Je pense que ma rencontre au Théâtre de la Ville avec la danse belge notamment a été un électrochoc. Si je ne devais retenir qu’une chorégraphie, ce serait Foi, de Sidi Larbi Cherkaoui.
Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Les patients et soignants rencontrés pendant près de dix ans de recherches Culture & Santé. Toutes ces personnes m’ont énormément apportée, humainement et artistiquement.
Depuis près de quatre ans maintenant, la compagnie s’est ouverte à l’écriture Jeune public. La rencontre avec les enfants est toujours un moment intense qui me remplit de joie.
En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
Aussi loin que remonte ma mémoire, je danse. Je ne veux pas nourrir les mauvais contes mais je pense que je ne pourrais vivre sainement sans danser. Je me pose la question de ce que je ferais si je ne pouvais plus exercer ce métier. C’est, pour l’instant, une équation insolvable.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
Toutes mes créations commencent par une étincelle, une envie très personnelle de m’emparer d’un sujet. Puis je m’immerge auprès d’un public choisi. Tout ce fracas et danser la faille ont été travaillés pendant une dizaine d’années en centres de soin. La dernière création de la compagnie Gagnés par la nuit, auprès de classes de collège en travail de collectage.
De quel ordre est votre rapport à la scène ?
En constante évolution. J’ai eu très peur puis mon rapport s’est tranquillisé, équilibré. J’aime la scène, mais je raffole également des moments d’échanges avec les publics.
À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ?
La danse a été un appel instinctif et viscéral. Je dirais le ventre.
Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Mes envies de collaboration se situent avec le monde de la musique. Jordi Savall, Yom, Constantinople, et plein d’autres.
À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
Danser au milieu des ruines de Pompéi. Rêve que je tiens à réaliser.
Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
L’incrédulité de Saint-Thomas du Caravage.
Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Festival Waterproof
Du 17 janvier au 1er février 2025
Danser la faille
24 janvier à 20h30 à L’intervalle, Noyal-sur-Vilaine
durée 1h30