Les Caprices de Marianne d'Alfred de Musset, Mise de Philippe Calvario © Ludo Leleu
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Les Caprices de Marianne : Philippe Calvario exacerbe les tourments amoureux 

Au Théâtre des Gémeaux parisiens, le comédien et metteur en scène poursuit son exploration des classiques du romantisme en adaptant une pièce de jeunesse d’Alfred de Musset. 

Telle une icône, la belle et pure Marianne (Zoé Adjani) traverse la scène. Mariée à un homme plus âgé et jaloux, le juge Claudio (Christof Veillon), la jeune femme est un modèle de vertu. Dévote, soumise à son époux, elle n’a que faire des badinages et autres marivaudages. Inaccessible au jeu de la séduction, elle inspire à son voisin, le doux Cœlio (Mikaël Mittelstafdt en alternance Pierre Hurel), fils à sa maman (Delphine Rich), une folle et absolue passion. Décidé à lui déclarer sa flamme, il demande à son ami Octave (Philippe Calvario), cousin de la belle, d’intercéder en sa faveur. Mais chez Musset, il n’y a pas d’amour heureux. La mort et la trahison rôdent. 

Les Caprices de Marianne d'Alfred de Musset, Mise de Philippe Calvario © Ludo Leleu
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Prenant conscience qu’elle n’est qu’un joli objet pour son ombrageux mari, Marianne cherche à s’émanciper du carcan que la société lui impose. Refusant d’entrer dans un quelconque schéma, c’est sur le dépravé et libertin Octave que tombe son dévolu. Ce « caprice » qui n’est que le seul chemin qu’elle peut emprunter pour enfin être libre va se révéler tragique. Cœlio pensant être trahi se laisse assassiner et la belle Marianne porte sur ses frêles épaules tout le poids de cette mort inutile. 

C’est dans le choix des interprètes que l’écho avec la jeunesse en quête de repères se fait. Zoé Adjani est troublante. Fougueuse et sensible, elle donne au personnage de Marianne une belle densité, loin de la jeune fille agaçante qui lui colle à la peau. Connu pour son personnage de Greg Delobel dans Ici tout commenceMikaël Mittelstafdt incarne un Cœlio ténébreux et sentimental à souhait.

Plus féministe qu’il n’y paraît, cette comédie, telle que la définit Musset, est un drame. En s’en emparant, Philippe Calvario cherche à en montrer toute la modernité. Bien que la mise en scène s’appuyant sur la scénographie de Roland Fontaine – deux murs mouvants transformant l’espace, en escalier, confessionnal, alcôve ou taverne – , soit ingénieuse, elle garde un je-ne-sais-quoi de désuet. À trop l’ancrer dans un romantisme compassé, il perd l’aura portée par les jeunes artistes et enferme son personnage dans une caricature de lui-même. Plus sobre et moins appuyé, son jeu gagnerait en intensité et offrirait à ces Caprices de Marianne, rarement montés, un nouvel souffle bienvenu ! 


Les Caprices de Marianne d’Alfred de Musset
Théâtre des Gémeaux parisiens
15 rue du Retrait

75020 Paris 
Du 16 janvier au 30 mars 2025
Durée 1h20

Adaptation et mise en scène de Philippe Calvario
Avec Zoé Adjani, Philippe Calvario, Mikaël Mittelstadt en alternance avec Pierre Hurel (les 9 et 23 janvier 2025), Hameza El Omari, Delphine Rich, Christof Veillon
Collaboration artistique – Sophie Tellier
Scénographie de Roland Fontaine
Dramaturgie de Modestine Pelle
Costumes : Aurore Popineau
Création musicale de Christian Kiappe
Création lumière de Christian Pinaud

Régie générale – Sébastien Alves

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