Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Un cirque dont j’ai oublié le nom qui s’était installé dans la cité des 4000 à la Courneuve où j’ai grandi. Assise dans les gradins avec mes frères et sœurs, j’ai compris ce qu’était la communion. Presque autant que ce qui se jouait sur scène, je découvrais, fascinée, cette entité extraordinaire qu’est le public.
Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
Cela relève purement du hasard. Une amie qui prenait des cours chez Jacqueline Duc au centre du Marais m’a proposé de l’accompagner « juste pour voir ». Jacqueline m’a demandé à la fin du cours de prendre une chaise, de la mettre au centre et de faire un exercice « juste pour voir ». En sortant du cours c’était tout vu !
Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédienne ?
Comme je le disais je n’ai pas choisi, ça m’est tombé dessus.
Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
C’était à l’école en CM2, La Chèvre de Monsieur Seguin d’Alphonse Daudet. Je jouais la chèvre et le loup c’était mon amoureux, mais il ne le savait pas, il ne l’a jamais su. Et puis ma mère en pleurs aux saluts.
Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Juillet 2009, La trilogie Le sang des promesses de Wajdi Mouawad au Palais des Papes de 22h à 8h du matin et le petit déjeuner avec l’équipe artistique. Quelle traversée !!! Souvenir inoubliable, indéfectible, malgré le froid de la nuit. Et puis aussi la direction d’acteur de Laurent Natrella, une douceur, une élégance. Je ne me suis jamais senti autant écoutée.
Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Jacqueline Duc, Patrice Fay, Wajdi Mouawad, Les Souffleurs Commandos Poétiques, Jean-Christophe Dollé, Laurent Natrella, Johanna Boyé, Johanna Nizard, Frédéric Chevaux, Benoit Urbain et bien d’autres encore.
En quoi votre métier est-il essentiel à votre équilibre ?
Il me fait avancer, c’est par lui que je me sens en mouvement.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
Le regard d’un enfant droit direct sans filtre, le conducteur de métro qui nous souhaite la bonne année dans son micro, les plages d’Ostende avec mon fils, les choux à la crème de chez Mamiche.
De quel ordre est votre rapport à la scène ?
J’y suis comme dans une autre dimension où tout est possible avec le vertige que cela suppose.
À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Mes yeux, mon ventre, mes mains
Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Wajdi Mouawad, j’ai eu la chance de travailler avec lui durant un stage, et mon rêve serait de transformer l’essai. Mais aussi avec FOUIC, Joël Pommerat, le Munstrum Theatre, Jean-Francois Sivadier, Johanna Nizard, Clea Petrolesi, Gregory Gadebois…
À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
Jouer Robinson Crusoé dans une adaptation de Vendredi ou les limbes du pacifique de Michel Tournier, mis en scène par Wajdi Mouawad avec Johanna Nizard dans le rôle de Vendredi, Elsa Revol aux lumières, Luminance à la musique, Karell Durand du « Munstrum Théatre » aux costumes. Dingue oui !!!
Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Vendredi ou les limbes du Pacifique de Michel Tournier.
Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Le hasard merveilleux de Jean-Christophe Dollé
spectacle créé en 2016 au Festival Off d’Avignon
Lucernaire
53 rue Notre Dame-des-Champs
75006 Paris
Du 8 janvier au 16 février 2025
Durée 1h20
Mise en scène de Laurent Natrella
avec Brigitte Guedj
Lumière d’Elsa Revol
Costumes de Delphine Brouard
Bande son de Dominique Bataille
Bande-annonce de L’Heureux Hasard de Jean-Christophe Dollé, mise en scène de Laurent Natrella © Lucernaire
