Née dans le township de Soweto, où elle a grandi, Dada Masilo se forme à la danse classique et contemporaine au Braamfontein’s National School for the Arts avant d’intégrer la Dance Factory de Johannesburg. À 19 ans elle quitte son pays pour l’Europe où elle poursuit son apprentissage à P.A.R.T.S, l’École bruxelloise d’Anne Teresa De Keersmaeker. Très rapidement, elle hybride les courants et les grammaires pour inventer son propre style qui fusionne, de manière très personnelle, techniques acquises aux danses africaines.
S’intéressant tout particulièrement aux ballets classiques dont elle s’approprie les grandes lignes pour mieux les dépoussiérer, elle imagine un Swan Lake noir et gay ou un Carmen dénonçant les violences faites aux femmes. En 2022, elle s’attaque au Sacre du printemps du Stravinsky présenté dans la cour du Lycée Saint-Joseph et rebaptisé pour l’occasion Le Sacrifice où sa version empruntait à la culture tswana du Botswana ses codes et ses rites.
Connue pour son énergie, son engagement et sa vitalité, Dada Masilo a marqué les deux dernières décennies par son travail novateur et hybride qui lui a valu de nombreuses distinctions, comme le Standard Bank Young Artist Award for Dance, obtenu en 2008, à l’âge de 22 ans, ou le Danza&Danza italien en 2018 pour son interprétation dans Giselle ainsi qu’une nomination au célèbre Bessie Award. Début décembre, son étoile venait illuminer le mur du Théâtre de Soweto et rejoindre les 43 autres « icônes artistiques de la Cité de l’or. »
Ces dernières semaines, Dada Masilo travaillait sur un nouveau solo autobiographique autour de la perte d’êtres chers, avant de succomber à l’âge de 39 ans, des suites d’une brève maladie. Artiste à la renommée internationale, elle rejoint trop tôt ceux qu’elle souhaitait honorer.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
