Drame bourgeois, Padrig VIon © Christophe Raynaud de Lage
© Christophe Raynaud de Lage

Drame bourgeois, l’amour et la fascination

À Théâtre Ouvert, la première pièce de Padrig Vion s'offre comme une partition amoureuse à ses deux comédiens, Lomane de Dietrich et Louis Battistelli.

Sur un plateau vide, les corps sont ensemble mais ne se touchent pas. Leurs logorrhées se superposent et s’opposent, appuyant l’écart qui sépare L. et Louis. Lui est musicien, un peu bohème, elle est une écrivaine issue de la bourgeoisie. Tous deux sont de jeunes parisiens, dont on suit l’errance de cœur entre Saint-Germain-des-Prés et la Gare du Nord. Drame Bourgeois est la cartographie sentimentale de leur amour achevé, une balade faite de libres associations poétiques (« rue du cherche-midi à quatorze heures », « rue de Paradis à gauche, rue de la Fidélité à droite, au carrefour entre les deux ») au charme Nouvelle Vague.

Présenté en diptyque avec Murmures à Théâtre Ouvert, le premier texte de Padrig Vion révèle une écriture perspicace et joueuse dans laquelle les références abondent, tantôt drôles, tantôt agaçantes. Écrite pour deux comédiens, Lomane de Dietrich et Louis Battistelli, rencontrés sur les bancs du CNSAD, la pièce cristallise la fascination de son auteur pour l’esprit germanopratin qu’il découvre à leur contact. Les acteurs se l’approprient d’ailleurs avec beaucoup d’aisance. Ce texte d’ami à amis respire alors le plaisir à chaque détour de ses phrases douces ou amères. Mais il sacrifie aussi la critique qu’induit le titre, cette ironie du Drame bourgeois, au nom de ce plaisir pris à décrire ce monde et ses codes. « Tu parles et je n’ai pas les références », lance Louis à L. Le public les a-t-il toutes ? À mesure que les deux romantiques arpentent d’un bout à l’autre le plateau et que leur amour s’épuise, un autre amour, celui que Padrig Vion porte à ses comédiens-personnages, s’impose comme le vrai sujet de la pièce. Et cela, sans conteste, le public le reçoit.


Drame bourgeois de Padrig Vion
Théâtre ouvert
159 Av. Gambetta, 75020 Paris

Du 2 au 14 décembre 2024
Durée 1h

Texte et mise en scène Padrig Vion
Collaboration artistique Lolita de Villers
Regard extérieur Guillaume Morel
Création lumières Thomas Cany
Création sonore Foucault de Malet 

Avec Louis Battistelli, Lomane de Dietrich

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