De L’infante sauvage, Jean-Marie Galey et Teresa Ovidio ont fait naître leur spectacle Créature(s). Ils se sont concentrés sur la relation entre l’illustre Ambroise Paré et cette petite fille toute velue, mettant avant tout l’accent sur le moment où elle prend conscience qu’elle est, aux yeux de tous, un monstre.
Dehors, les cris et les tumultes du massacre de la Saint-Barthélémy font rage. Une ombre surgit portant en ses bras un nouveau-né. Un saut dans le temps et l’on retrouve cet homme qui n’est autre qu’Ambroise Paré. Il appelle Madeleine pour son cours d’anatomie. C’est l’enfant devenue grande ! Espiègle et pleine de vie, elle ne cesse de poser des questions à celui qu’elle appelle « mon petit papa », rêvant de lever le voile sur le miroir de la maison et découvrir son visage. Elle y découvre alors sa différence et s’enfuit. Lorsqu’elle revient près de celui qui l’a toujours protégée, il lui raconte enfin son histoire et lui annonce qu’elle va poser pour un tableau, accédant ainsi la postérité.
Cette relation très filiale entre l’inventeur de la médecine moderne et Madeleine Gonzalès est une pure fiction, en revanche l’histoire de cette petite fille atteinte d’une hyperpilosité est bien réelle. Le tableau la représentant est visible au château d’Ambras en Autriche. Si Jean-Marie Galey a peut-être trop voulu en dire sur les recherches et les réflexions d’Ambroise Paré, qu’il interprète judicieusement, il a su en faire ressortir la tendresse qu’il ressent pour Madeleine. Teresa Ovidio incandescente fait entendre ses blessures. Après Ay Carmela et Camus-Casarès, une géographie amoureuse, ce couple continue d’explorer ce vivre ensemble, quelles que soient les différences.
Marie-Céline Nivière
Créature(s), librement inspiré de L’Infante Sauvage de Mario Pasa (Éditions Acte Sud)
Théâtre de l’Épée de Bois
Cartoucherie – Route du champ de manœuvre
75012 Paris
Du 5 au 22 décembre 2024
Durée 1h25
Écriture et interprétation de Teresa Ovidio et Jean-Marie Galey
avec la complicité de Jean-Benoît Patricot
Mise en scène de Jean-Marie Galey
Musique de Jean-Jacques Lemêtre
Lumières de Thomas Gauder