Jeune artiste aux multiples talents, déjà auteur de plusieurs singles, EmVie vient de produire son premier album : Lights Sounds (Made in Home). Entièrement conçue par ses soins, disponible sur la plupart des plateformes de téléchargement ou en version physique sur son site, l’œuvre est à son image, fraîche, lumineuse et atypique. Avec ses bacchantes parfaitement gominées et son look tout droit sorti des Brigades du Tigre, le jeune chanteur, danseur et compositeur, a tout pour séduire.
Un beau dimanche d’octobre, j’ai rendez-vous avec EmVie. Ce nom, je le connais depuis un moment. Je l’ai vu passer régulièrement sur mon mur Facebook. Je sais qu’il est chanteur, qu’il est photogénique – pour preuve les photos qu’à faites de lui Stéphane Houari dans une ambiance très Ouest américain – et qu’il m’a été chaudement recommandé. Il paraît que c’est un diamant brut. Séduit par le personnage et son univers intimiste, j’ai bien envie d’en savoir plus sur cet autodidacte de 27 ans. Il a fière allure sur son scooter rétro. Droit comme un « i », les années de danse ont marqué son maintien au fer rouge. Ce qu’on remarque d’abord, ce sont les deux magnifiques moustaches qui ornent son visage. Derrière elles, se cache un jeune homme frêle, timide et lunaire. Pour découvrir EmVie – son nom signifie « aime la vie »-, l’apprivoiser est une nécessité. Son sourire enjôleur est une façade. Après une balade dans les rues de Paris, il est temps de se poser et de plonger dans l’univers de ce ténébreux artiste. Le jeune homme se détend et les fêlures qui l’ont construit apparaissent avec beaucoup de pudeur.
Jeunesse rhodanienne
Sur son enfance lyonnaise, il ne souhaite pas s’appesantir. Elle a construit sa personnalité, son hypersensibilité, son intérêt pour les autres et son besoin vital d’être à leur écoute. « C’est une période grise de ma vie, raconte-t-il. Le quotidien n’était pas beau. Très jeune, j’ai été placé en foyer. Dès que j’ai eu 5 ans, j’ai voulu mettre de la couleur dans mon univers. J’étais comme Tarzan, abandonné dans la jungle. J’ai dû partir à la rencontre du monde qui m’entourait et m’adapter. » De cette période, le jeune chanteur a tiré une force incroyable, une envie de vivre hors du commun. « J’ai souvent souhaité avoir une famille normale avec une maman et un papa proches, poursuit-il. Pourtant, je ne regrette pas ce que j’ai vécu, car je ne serais pas celui que je suis. Je pense que je ne serais pas aussi motivé. »
La danse
Les années passent. Elles sont neutres presque sans émotions. A 16 ans, il se décide pour une carrière dans l’hôtellerie. A 18 ans, il obtient son BEP. Une rencontre va faire basculer son destin. « Je venais tout juste d’être majeur quand j’ai fait la connaissance d’une danseuse classique, se souvient EmVie. Son univers m’a charmé. Après une première initiation, j’ai très vite su que j’étais fait pour ça. » Tout s’enchaîne très vite. Poussé par cette main du destin, le jeune homme passe avec succès deux auditions pour intégrer une école de danse. Il choisit celle d’Aurillac. « Enfin hors du foyer qui a connu mon enfance et mon adolescence, raconte-t-il, je m’installe en Auvergne. Ce fut certainement la plus belle année de danse de ma vie. C’était intense, pas une seconde de répit. J’ai appris en un an les principales bases de cette discipline. Artistiquement, c’était dément. J’en suis sorti grandi, heureux et avec un but dans ma vie : devenir danseur. » Fort de cette première expérience, EmVie retourne à Lyon. Il continue à suivre une formation professionnelle afin d’intégrer une compagnie. Il ne fait que danser, de 8 heures du matin à 8 heures du soir. Cette fois, l’artistique est relégué au second plan, il va se focaliser sur la technique. L’année touche à sa fin, que faire ? « J’ai eu beaucoup de doutes, se remémore-t-il. Il fallait que je gagne ma vie, que je trouve du travail. Seule chose sûre, je voulais être danseur. Je ne savais pas si je voulais avoir un patron. Très vite, j’ai pris la décision de créer ma propre musique pour danser. » C’était en 2005. Au début, il fait avec les moyens du bord, empruntant sur Internet des morceaux instrumentaux de-ci de-là, sur lesquels il écrit des paroles. Objectif : se familiariser avec ce nouvel art. « J’enregistrais mes chansons sur mon ordinateur avec un micro de salon, se souvient-il, amusé. Ce n’était pas terrible, mais j’avais la foi et surtout, je faisais ma propre musique. Fort de ma petite expérience, j’ai commencé à répondre à des annonces de casting sur Internet. Un producteur a fini par me répondre. Le feeling est passé entre nous. »
Bye-Bye Lyon, bonjour Paris
Après avoir dit adieu à sa ville natale, EmVie débarque à Paris. Pendant 3 ans, le jeune homme va collaborer avec ce producteur. « Si cette période ne fait pas forcément partie de mes meilleurs souvenirs musicaux, souligne l’artiste, il n’en reste pas moins l’expérience que j’ai acquise. J’ai pu rencontrer plusieurs compositeurs, et à leur contact, commencer à écrire mes premiers textes et mettre le tout en musique. A cette époque, je ne savais encore pas trop ce que je voulais, quel style me correspondait le mieux. Petit à petit, j’ai appris à me servir du matériel. Quand j’ai senti que j’étais capable de faire avec mon ordinateur mon propre son sans l’aide de personne, j’ai mis fin à la collaboration et j’ai décidé de voler enfin de mes propres ailes. »
Durant deux ans, EmVie s’enferme chez lui et travaille d’arrache-pied sur ses compositions. Puis, il décide de tenter enfin sa chance. Il s’inscrit sur Aka music et produit son premier single, It’s your destiny, co-réalisé avec Stéphane Prin qui ré-arrange les mélodies. « Le single est diffusé un temps sur quelques radios locales, se souvient-il avec une certaine fierté. Fort de ce petit succès, je produis et réalise deux clips des deux chansons de ce premier single. En parallèle, je continue à travailler sur de nouvelles compositions. Si dans le processus créatif, je souhaite être seul, pour la musique, je m’entoure de musiciens. Je leur explique ce que j’ai en tête. Ils se mettent au diapason et nous arrivons ainsi à trouver le son voulu. » Une fois les différentes pistes enregistrées sur ordinateur, EmVie commence son travail d’orfèvre. Il coupe, colle, replace et organise les bandes sons afin d’obtenir la mélodie souhaitée. « J’ai tout appris seul, souligne-t-il, le sourire aux lèvres. J’ai des souvenirs terribles de mes débuts. C’était parfois cacophonique. J’ai passé des heures devant mon ordinateur pour comprendre le fonctionnement de l’ensemble des logiciels que j’avais achetés. J’ai galéré des mois entier avant d’arriver enfin à produire une mélodie audible. » En parallèle, EmVie continue à s’entraîner quotidiennement à la danse. Dans sa vie, les deux arts sont imbriqués : l’un ne peut aller sans l’autre.
La rencontre
En 2010, inscrit sur Aka music, le chanteur en devenir découvre que l’interprète du mythique Voyage Voyage, Desirless, produit sur la même plateforme son dernier album. Il prend son courage à deux mains, contacte la chanteuse et lui propose dans la foulée de participer à une de ses chansons. De cette rencontre naîtra le single Soit zen. « C’est en écoutant ce duo, explique EmVie, que Laurent Petitguillaume a eu l’envie de savoir qui j’étais. Il m’a contacté. J’étais assez impressionné. Quand j’étais petit, Laurent était pour moi l’animateur le plus humain du PAF. Cette qualité est tellement rare à la télévision que cela m’avait marqué. Après avoir pas mal échangé, nous nous sommes enfin rencontrés. Depuis nous sommes des amis très proches : il est à la fois mon mentor et mon grand frère. Sa présence m’apaise. Par ailleurs, au cours de nos discussions, j’ai appris qu’il écrivait des textes. Pour me faire découvrir sa plume, un jour, il m’a offert un livre. En le lisant, j’écoutais un nouveau morceau de musique qu’on venait de m’envoyer. Un texte m’a inspiré. Je le trouvais en parfaite adéquation avec la mélodie. J’ai donc proposé à Laurent de collaborer à l’écriture d’une chanson. C’est ainsi qu’est né L’époque est moche. »
Après avoir produit plusieurs singles, l’artiste décide de passer à l’étape supérieure et de faire un album.
A cette fin, il s’inscrit sur My Major Company. C’est le début d’une nouvelle aventure, où il sera accompagné de Clément Sayag à la guitare, de Laurent Hunziker au saxophone et de son ami Laurent Petitguillaume qui a accepté de contribuer à l’écriture de trois chansons. « C’étaient des commandes, raconte EmVie. Je savais ce que je voulais. Je l’ai guidé. Sur Je te ferais l’amour, j’avais déjà le refrain et la rythmique, il a écrit les couplets. Sur j’veux faire un tour avec toi, je lui ai juste donné l’ambiance qui était l’été. Pour notre troisième collaboration sur ce premier album, je voulais la recette pour écrire une chanson lumineuse…Au final, Laurent a mis un zeste d’âme, trois pincés de sourire, puis il a mélangé tout cela avant de laisser refroidir…et Lights sounds (made in home) est né. »
L’album Lights Sounds (Made in Home)
Après des mois de travail, l’album sort enfin. Disponible sur la plupart des plateformes musicales et en physique sur le site d’EmVie, il mélange l’électropop et le funk. « Je ne choisis pas vraiment un style de musique, explique l’artiste. Je travaille à l’instinct. Tout est fait dans l’improvisation. Mes mélodies sont le fruit de mes inspirations du moment. Après évidemment que la musique que j’écoute, m’influence. En ce moment, dans mon téléphone, il y a beaucoup de morceaux actuels allant de l’électro à la pop en passant par le funk et la house. Je suis très éclectique. J’avoue passer en boucle le dernier album de Kylie Minogue et celui du groupe Crayons. Si mon album est très électro, c’est que je me retrouve dans l’énergie que dégage cette musique. »
EmVie ne sait pas rester en place. Il a un besoin viscéral d’être en mouvement en permanence et de créer, que ce soit de la musique ou des chorégraphies. En dansant, il extériorise toute l’énergie que son corps renferme. Il explose. Il en est de même pour la création, le jeune artiste se donne à fond. Car écrire une chanson, c’est se donner à l’autre, et en bon artisan, il tient à se donner de la bonne façon. « Il est vrai, confirme-t-il, que je retranscris dans mes œuvres ce que je suis. Écrire est pour moi une thérapie. Je pense que mon second album sera encore plus électro. Là, j’ai été soft, c’était un album autobiographique qui présente qui je suis ce que je suis. C’est très textuel. Le prochain sera plus énergique, plus anarchique. Je changerai de registre, car je refuse d’être enfermé dans un carcan. J’ai besoin d’évoluer. Je ne vois pas l’intérêt de faire la même chose et de chanter de la même façon. Si je m’impose un style pour un album pour garder une unité, je serais incapable de faire deux fois la même chose. »
Avant qu’EmVie change de look, prenez le temps de découvrir cet artiste atypique. Entrez dans son univers vous serez surpris de sa générosité. Peut-être, comme lui, vous serez sous le charme de son miroir. Quand l’artiste qui refuse de stagner se sent seul, l’écoute de cette chanson agit sur lui et le soigne… Laissez vous tenter.