Le geste artistique de Tiran Willemse, qui irrigue Blackmilk, explore à travers les limites de son propre épuisement et celles de la patience du public, la représentation des corps définis comme masculins, africains et afro-américains. S’intéressant tout particulièrement aux mouvements des majorettes, starlettes en paillettes, et à la gestuelle très marquée des rappeurs, il porte au plateau ce qui le constitue en tant qu’homme et artiste.
Attentif à la manière dont se construit les identités dans l’inconscient collectif, le danseur et chorégraphe afrikaner met à nu sa vulnérabilité pour bousculer préjugés et archétypes. Décalant les regards, passant d’un corps en tension à un autre où le lâcher prise l’emporte, il emprunte au cinéma, au clip, gestuelles et codes. Traversé par sa propre musique intérieure, l’artiste offre sans limite toute la mélancolie qui déborde de son âme et de son cœur.
Si parfois l’écriture paraît vaine, chargée d’un bagage affectif explosif qui déroute, et se perd dans des fausses fins à répétition, Tiran Willemse affirme une personnalité hors norme et border qui prend possession du plateau jusqu’à l’aliénation. Danseur puissant, il charme autant qu’il horripile. De l’art à l’état brut et pur, sans concession !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Blackmilk de Tiran Willemse
spectacle vu en mars 2024 à L’Arsenic – Centre d’art scénique contemporain de Lausanne dans le cadre de Programme Commun
Tournée
27 et 28 novembre 2024 à L’Atelier de Paris / CDCN, avec le Centre culturel suisse, dans le cadre de la Swiss Dance Week
Chorégraphie et performance de Tiran Willemse
Création lumière de Fudetani Ryoya
Musique de Manuel Riegler
Costume de LML studio Berlin