Comédienne, Françoise Lorente pratique également, et à haut niveau, l’aïkido. Dans son habit noir, tournoyant sur son tatami, elle enchaîne des mouvements de combat contre un adversaire qui n’est pas là. Puis, elle se pose, le souffle court. L’image est forte, car ce cancer du sein est cet ennemi qu’elle a combattu et vaincu.
C’est une femme comme une autre qui reçoit cette nouvelle impensable et ce sera une femme qui comme certaines en sortira victorieuse. Chacune faisant son propre chemin, Françoise nous raconte le sien. Nous ne sommes pas dans un seule-en-scène de forme classique. Pour atteindre cette universalité, elle évoque ses souvenirs, ses rapports au monde médical, ses expériences, sans omettre de donner la parole à d’anciennes malades. Elle aborde ainsi tout ce qui touche à la féminité, parce que « la façon dont on traite ce cancer raconte aussi la façon dont la société traite les femmes ».
La comédienne a conçu intelligemment sa dramaturgie. Son texte est riche et bien des mots font mouche. La mise en scène, qu’elle co-signe avec Morgane Janoir, oscillant entre classicisme et performance est surprenante. Cela donne une aire de jeu dans laquelle l’actrice exprime ses talents mais aussi son appétence à la vie. Sa réflexion ouvre une fenêtre à laquelle il fait bon se pencher pour respirer à plein poumons l’air frais de chaque jour qui passe.
Marie-Céline Nivière
Nos seins, texte et interprétation Françoise Lorente
Théâtre de la Reine Blanche
2 bis passage Ruelle
75018 Paris
Du 15 octobre au 16 novembre 2024
Durée 1h10
Mise en scène de Françoise Lorente et Morgane Janoir
Réalisation et montage vidéo Marc-Antoine Vaugeois