Tant pis c'est moi - Sam Karmann © Thomas O Brien
© Thomas O Brien

Tant pis c’est moi : la magnifique confession de Sam Karmann

Tous les week-ends, dans l’intimité de la Piccola Scala, le comédien se livre avec une grande élégance et beaucoup de panache.

Sa longue silhouette, sa voix douce et grave sont familières aux publics de théâtre comme de cinéma, ainsi qu’aux téléspectateurs. Mais qui est vraiment Sam Karmann, l’homme ? Il aurait pu écrire, comme tout le monde, une biographie. Avec Tant pis c’est moi, il a choisi le théâtre pour mettre en scène sa vie et nous offre un grand moment d’émotion et de joie.

Tant pis c'est moi - Sam Karmann © DR
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La performance s’ouvre sur un dialogue qu’il a eu avec sa mère après sa première prestation théâtrale. Puis, en adresse au public, il dit cette phrase : « Avant moi, il y a ma mère ». Colette, comme Claudine pour Caubère, Louise pour Albert Cohen, Mina pour Romain Gary, a compté pour son fils. Sans elle, il ne serait pas là et surtout, il ne serait pas devenu l’homme qu’il est. Ce qui est le cas, normalement, de tous les enfants, filles ou garçons. Sauf que Colette détient un secret de famille, dont il est le Polichinelle !

Donc pour comprendre qui est Sam Karmann, il faut apprendre à connaître le livre de sa mère, c’est-à-dire son histoire romanesque et captivante. Née en Algérie en 1923, elle suit son père consul dans ses nombreux postes. Douée pour les études, elle aurait pu connaître une belle carrière, mais préférera épouser Moshen l’Égyptien et devenir mère au foyer. C’est à Port-Said, en 1953, qu’elle donne naissance à Samir, qu’elle fait baptiser Dominique ! Et qui n’est autre que celui que l’on connaît sous le prénom de Sam. En 1956, la famille, sans le père, quitte l’Égypte pour la France.

À partir de là, le comédien tisse sa toile, racontant alors son enfance, très à la Petit Nicolas de Sempé, son adolescence, genre Grand Duduche de Cabus. Il est Dominique pour tout le monde et surtout pour lui-même. C’est au moment du brevet qu’il découvre que son véritable prénom est Samir ! Il ne sera pas au bout de ses surprises. Mais ne déflorons pas le « beau » secret de famille…

Comment se construire quand sa propre identité n’est pas très nette ? Et bien en devenant comédien et en se glissant dans la peau d’autres personnages. Avant de se faire un nom, il fait ses classes, dans les cours, dans les compagnies, dont celle de Jean-Pierre Bouvier, tourne des films, des séries télévisées (Navarro). Puis arrive le couple Jaoui-Bacri, Cuisine et dépendances, il s’est fait un nom, qu’il porte fièrement, Sam Karmann, et qui n’est plus un pseudo !

En demandant à Denis Lachaud (La forêt fantôme, Jubiler, La Magie Lente, Déraisonnable) de l’aider à mettre en mot son histoire, Sam Karmann a touché juste. Le style littéraire en est admirable. Les mots font corps avec le comédien. Sous le regard précis d’Anne Poirier-Busson, porté par la musique de Pierre Adenot, les lumières de Pierre Mille, l’univers sonore de Steven Gouhti, avec quelques accessoires et un grand talent, l’acteur se révèle dans toute l’étendue de son talent mais aussi de son humanité. Et c’est beau !


Tant pis c’est moi, texte de Denis Lachaud et Sam Karmann
La Scala
13 boulevard de Strasbourg
75010 Paris
Jusqu’au 29 juin 2025
Durée 1h20.

Avec Sam Karmann
Collaboration artistique Anne Poirier-Busson
Lumière Pierre Mille
Création sonore Steven Ghouti
Musique Pierre Adenot
Costume Julia Allègre

Bande annonce de « Tant pis c’est moi » © Le projet Scala

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