Les grands sensibles - Elsa Granat © Christophe Raynaud de Lage
© Christophe Raynaud de Lage

Les grands sensibles, le nouveau trop dense Elsa Granat

L’autrice et metteuse en scène aime explorer les classiques, non pas pour les réécrire mais pour montrer que leurs propos raisonnent au-delà des époques et de leurs codes.

Après la vieillesse dans King Lear, la condition féminine dans Nora, Nora, Nora !, c’est la jeunesse qui, dans Les Grands Sensibles, occupe les interrogations d’Elsa Granat. La jeunesse, celle que l’on dit perdue ou sacrifiée. En cherchant dans les classiques, celui qui en parle le mieux, c’est bien évidement Shakespeare, tout particulièrement dans ses tubes théâtraux, Roméo et Juliette et Hamlet. Ce sera sa base.

C’est jour de fête chez les Capulet. Juliette a dix-huit ans ! Toute la famille, les vieux, les enfants, les proches et les amis sont invités. Même les Montaigu ! La haine se jouera plus tard. La pièce s’ouvre sur un magnifique monologue de Lady Capulet (Elsa Granat, remarquable). Revenue de tous, elle a sombré dans la dépression. Arrive sa « sœur », Gertrude (extraordinaire Hélène Rencurel), la mère de Hamlet, qui noie dans l’alcool son veuvage et sa solitude. Elle est la maîtresse de Capulet (étonnant Lucas Bonnifait). Le vieux Montaigu (solennel Laurent Huon), Tatie Nounou (délicieuse Bernadette Le Saché) et Frère Laurent (impayable Anthony Cochin) sont également de la partie. Dans les vestiaires, les gamins, Juliette, Ophélie, Hamlet et Roméo, font bande à part. Mahaut Leconte, Juliette Launay, Victor Hugo Dos Santos Pereira et Niels Herzhaft, les sens en émois, sont parfaits dans leurs ennuis, leurs révoltes. Et la fête tourne au drame.

Cela devait être aussi une grande célébration théâtrale ! Elle l’est par moments, mais on se perd dans la densité. Les passages où les animateurs s’occupent des enfants — ceux qui vont perdre un jour leur spontanéité — sont trop longs et souvent inutiles. Et le tissage des fils entre les deux pièces de Shakespeare se fait parfois un peu tiré par les cheveux. À vouloir en dire trop sur les dysfonctionnements des relations filiales, le désespoir de la jeunesse et l’incapacité de l’adulte à ne pas se faire broyer par la société, la pièce s’enlise. Dommage, car la mise en scène est, comme toujours, très riche d’idées !


Les grands sensibles, texte et mise en scène d’Elsa Granat
Théâtre Gérard Philipe, CDN de Saint-Denis
59 boulevard Jules Guesde
93200 Saint-Denis
Du 25 septembre au 6 octobre 2024
Durée 2h30

Tournée 2024
16 et 17 octobre 2024 – NEST – CDN de Thionville
7 et 8 novembre 2024 – Théâtre de l’Union – CDN du Limousin
26 au 30 novembre 2024- Théâtre Dijon Bourgogne
4, 5 et 6 décembre 2024 – Théâtre de Cornouaille – SN de Quimper

Collaboration à la dramaturgie Laure Grisinger
Avec Lucas Bonnifait, Antony Cochin, Victor Hugo Dos Santos, Elsa Granat, Clara Guipont, Niels Herzhaft, Laurent Huon, Juliette Launay, Mahaut Leconte, Bernadette Le Saché, Hélène Rencurel, Edo Sellier, avec la participation de chœur d’enfants de divers conservatoires du territoire et de 5 amateurs séniors
Assistante à la mise en scène Mathilde Waeber
Création sonore de John M.Warts
Scénographie de Suzanne Barbaud
Lumière de Lila Meynard
Costumes de Marion Moinet
Assistant costumes et scénographie Constant – Chaissai Polin
Construction du décor Alain Pinochet (Théâtre de l’Union)
Régisseur général et plateau Quentin Maudet
son et vidéo Baudouin Rencurel
Chef de chœur Felix Benati
Accompagnement des artistes amateurs séniors Laure Grisinger
Coordination des chœurs d’enfants Tassia Martin, Clara Guipont, Agathe Perrault

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