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Lady Bird, autoportrait ciselé et touchant d’une ado rebelle

Greta Gerwig signe avec Lady Bird, un émouvant autoportrait cinématographique.

Mèches rouges désordonnées, corps gracile, Lady Bird, jeune fille en fleur romantique, irradie l’écran de sa nonchalance, de son mal de vivre et de ses rêves d’ailleurs. Se glissant pour la première fois derrière la caméra, la comédienne Greta Gerwig retourne sur les traces de son adolescence fantasque et signe un long-métrage irrésistible sur la famille et le passage à l’âge adulte. Brillant !

Une fille et sa mère, coupes de cheveux similaires, roulent sur une route déserte. Elles viennent de faire le tour des campus de la région, histoire de se renseigner sur les établissements qui pourraient accueillir l’année prochaine la plus jeune. N’étant point riche, le choix de la faculté est crucial, c’est un enjeu économique. Il faut dire qu’elles habitent dans un quartier pauvre de Sacramento, en plein cœur du Middle West californien. « Lady Bird  » McPherson (éblouissante Saoirse Ronan), est une adolescente rêveuse qui ne pense qu’à prendre son envol et quitter cette vie morne où tout est compté aux cent près. A ses côtés, Marion McPherson (bouleversante Laurie Metcalf), est une femme austère, qui a perdu toute fantaisie faute d’avoir le luxe de pouvoir se la payer.

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Très vite, les premières distensions se font sentir. Rebelle, vibrante, Lady Bird, ne supporte pas que sa mère continue à l’appeler Christine, son vrai prénom, n’en peut plus de cette existence au rabais, où la moindre dépense semble insurmontable. Heureusement, la jeune adolescente peut compter sur son père, un loser tendre, compréhensif et protecteur. Malgré tout, la vie n’est pas rose. Elle ne vit pas du bon côté de la barrière, alors elle rêve avec sa meilleure amie Julie (épatante Beanie Feldstein), la boulotte de l’école, d’habiter dans les beaux quartiers, dans une jolie maison à étages.

Les premiers émois, les premières trahisons, le refus des règles absurdes entravant toute liberté, toute velléité de sortir du moule, la jeune adolescente étouffe dans cette ville de province proprette et sans histoire. Elle s’invente une vie et force le destin dans l’unique but de quitter Sacramento et d’intégrer une des universités de la côte Est, là où la culture est en pleine effervescence.

Puisant dans ses souvenirs d’enfance, la comédienne Greta Gerwig brosse avec sensibilité et truculence le portrait doux-amer d’une jeune fille paumée en mal de reconnaissance et nous invite à suivre son parcours initiatique vers l’âge adulte. Caméra au poing, elle nous conte la déshérence de ces cités américaines, perdues au milieu de nulle part et gangrenées par le chômage. Scrutant au plus près les émotions de ses acteurs, elle évoque, avec délicatesse, les relations familiales conflictuelles, les guerres intestines entre mère et fille mêlées de frustration, d’admiration et d’amour. Si le sujet n’a rien d’innovant, son traitement séduit et envoûte.

Sans jamais sacrifier l’un ou l’autre de ses personnages, Greta Gerwig dresse un touchant état des lieux de la classe moyenne américaine, pointant çà et là ses souffrances, ses joies, ses faux-semblants et sa vibrante humanité. Donnant au quotidien, aux errances banales de l’adolescence des élans poétiques, un brin mélancoliques, elle signe un premier film bouleversant à la beauté âpre sur l’évanescence de nos sociétés contemporaines.

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Pour camper cette héroïne décalée et désabusée, ce double d’elle-même, la réalisatrice a fait le choix judicieux de confier le rôle, à l’époustouflante et lumineuse Saoirse Ronan. Parfaitement à l’aise dans les rôles de jeunes filles en fleur, tourmentées et lunaires, elle se glisse avec une aisance confondante dans la peau de la fragile et gracile Lady Bird et lui offre une densité troublante, un charme désarmant. Elle est tout simplement bouleversante. À ses côtés, notons la partition extraordinaire de Laurie Metcalf, parfaite en mère courage, rigide et intolérante au cœur d’or.

Véritable carton aux USA, encensé par la critique et auréolé de deux Golden Globes, Lady Bird est une pépite, un long-métrage singulier, une bulle aigre-douce à découvrir au plus vite.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


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Lady Bird de Greta Gerwig
Avec Saoirse Ronan, Laurie Metcalf, Lucas Hedges, Timothée Chalamet
Etats-Unis – Comédie dramatique
Sortie : 28 février 2018
Durée : 93 min

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