Werner et Barbara sont dans leur cuisine. Ils ne sont pas en pyjama, pourtant il est cinq heures du matin. La tension est palpable. Les premiers reproches tombent. Très vite on comprend que ceux-ci ne sont que la continuation d’une querelle qui a débuté bien avant dans la soirée. Le soleil se lève traçant une Ligne solaire, qui telle une frontière, les sépare. Arriveront-ils à se réunir ?
Il y a quelque chose de l’ordre du Qui a peur de Virginia Woolf ? d’Albbe dans la pièce d’Ivan Viripaev. Si l’alcool ne coule pas à flots dans cette pièce, on subodore que c’est parce qu’il n’y a plus rien dans les placards. Les mots explosent comme des bombes sur ce couple, sans enfant, qui semble être arrivé à un point de non-retour. Cela fait sept ans qu’ils sont mariés ! Sept ans, l’âge de raison ou de déraison ? N’arrivant plus à se comprendre, ils ne cessent de vouloir s’expliquer, histoire d’avoir le dernier mot ou de rallumer la flamme de leur amour.
Orchestré finement par Clément Poirée, la partition verbale, presque musicale mise en place par Ivan Viripaev prend une force remarquable. Tout est dans la rythmique, celle des mots et celle des corps. La cuisine est à l’image du couple, totalement de guingois, avec ses couteaux aux murs. Durant tout le spectacle, on se demande lequel des deux, à bouts d’arguments où dans un accès de rage, va s’en servir ! Interpréter un texte si fort, où résonne le « je t’aime moi non plus », demande une certaine dextérité. Aurélia Arto et Bruno Clairet forment ce qu’on appelle un duo de choc !
Marie-Céline Nivière
La ligne Solaire d’Ivan Viripaev (texte édité aux éditions Les solitaires intempestifs).
Festival OFF Avignon.
11 • Avignon
11 boulevard Raspail
84000 Avignon.
Du 2 au 21 juillet 2024 à 11h40, relâche les lundis.
Durée 1h20.
Spectacle vu aux Plateaux Sauvages le 4 juin 2024.
Traduction de Tania Moguilevskaia et Gilles Morel.
Mise en scène de Clément Poirée.
Avec Aurélia Arto et Bruno Blairet.
Scénographie d’Erwan Creff.
Création musicale de Stéphanie Gibert.
Création lumière de Léa Maris.
Régie générale de Clément Chebli.
Costumes d’Hanna Sjödin.