Les Mises en Capsules © Pierre & le Loup
© Pierre & le Loup

Retour sur la 16e édition des Mises en Capsules

Pendant trois jours, au Théâtre Lepic, nous avons suivi les trois programmes de ce rendez-vous théâtral original. Compte rendu du très bon cru 2024.

Conçu et pensé par Benjamin Bellecour et Pierre-Antoine Durand, installé au Théâtre Lepic que dirige Salomé Lelouch, ce festival de formes courtes théâtrales est devenu un incontournable des événements printaniers (voir les éditions 2018, 2019, 2022, 2023). Même si, pour les deux premières semaines de cette manifestation qui en compte trois, les couleurs du temps étaient automnales, cela n’a pas empêché les spectateurs d’affluer et le théâtre d’afficher complet. Ce qui fait plaisanter l’un des organisateurs : « Même en novembre, les Mises en Capsules ça marche ! » Cela marche même très bien ! La preuve, l’une des capsules de 2017, Ferme bien ta gueule, devenue une pièce, a été nominée aux Molières 2024.

Les mises en capsules © Aurélie Faci
Pierre-Antoine Durand expliquant la bonne marche à suivre © Aurélie Faci

Rappelons le principe : une soirée, cinq spectacles, chacun de trente minutes. On sort entre les spectacles pour se dégourdir les jambes le temps que la technique installe. On peut passer au charmant bar du théâtre et même descendre dans la salle avec son verre de vin, sa bière, ou son jus de fruit. De la première représentation à 19h jusqu’à la dernière à 22h, on n’est pas obligé de tout voir, mais c’est recommandé. Sur les seize spectacles présentés, il y a des coups de cœur et des surprises. Même si cette année, une chose commune est ressortie, la qualité et l’ingéniosité des mises en scène, c’est sur ces derniers, classés par ordre alphabétique, que nous préférons nous concentrer.

La Chute du pull rouge, texte et mise en scène de Fabrice Tosoni, avec Bertrand Goncalves, Lily Rubens, Alexandre Texier, c’est la découverte d’un auteur ! Portée brillamment par Bertrand Goncalves, cette pièce, sur la chute d’un homme qui ne se remet pas de la mort de son enfant, est bouleversante.

Le cœur au fusil, écrit et mis en scène par Marie Recours-Bellessort, avec Mathieu Coniglio, Édouard Michelon, Marie Recours-Bellessort, Frédéric Souterelle, est inspiré d’une histoire vraie. Cette comédie originale raconte une histoire d’amour étonnante : un Juliette et Roméo sous Hitler !

Les mises en capsules 2024 - La honte ! © Eki Cie
© Eki Cie

Dans ma baignoire j’ai trouvé une sirène, d’Élisa Erka, co-écriture de Julie Cavanna, mis en scène par les autrices, avec Élisa Erka, Julie Cavanna, Peggy Martineau, Raphaël Charpentier, est un conte moderne très bien conçu, une curiosité qui tourne autour d’une baignoire. Arie était destinée à devenir championne olympique en nage synchronisée, mais elle tombe enceinte. Toutes les injonctions dont elle a été l’objet depuis l’enfance sont remises en question.

De quoi t’as peur ?, d’Agnès Miguras, mis en scène par Romain Thunin, avec Loïc Legendre et Agnès Miguras, une petite pépite, prouve que les comédies romantiques ont encore bien leurs places dans ce monde où il n’est pas toujours facile de conjuguer le verbe aimer.

Dans Embrasse-les tous, de Camille Bardery, mis en scène par Éric Bu, avec Camille Bardery, Deborah Grall, Victor Bourigeault, Éric Chantelauze, Julien Jacob, il est encore question d’amour, mais d’une manière très surprenante et originale. À trois semaines de son mariage, Pauline est quittée. Que faire ? Sous l’aide d’une Vierge Marie, pas très catholique, elle part à la recherche d’un remplaçant.

Les Mises en Capsules - Embrasse-les tous ! © DR
Embrasse-les tous ! © DR

Faites mon enterrement, texte et mise en scène de Théophile Clément Brossas, avec Maxime Lélue et Éric Pucheu nous fait découvrir un bel auteur sur un sujet très sensible, la mort. Dans une chambre d’hôpital, le grand frère, qui vient d’être père, est au chevet de son petit frère qui va mourir. Comment vivre cet instant ? Comment se préparer à faire face ce grand vide qui va surgir ?

Avec La honte !, conception, écriture et jeu Élise Roth et Léa Roblot, collaboration à l’écriture de Mickaël Délis, collaboration artistique de Lucie Valon et Leïla Gaudin, deux grandes clowns sont nées. L’une a des airs de Fanny Ardant et l’autre de Jessica Lange. Elles explorent d’une manière irrésistible un bien vaste sujet : nos hontes !

Passons donc aux propositions les plus surprenantes : d’abord Déconstruite (mais ruinée), texte et mise en scène d’Isabelle Joly, avec Catherine Raiser-Duchamp, Éloïse Le baud, Isabelle Joly. Clémence pourrait être une héroïne d’une chanson d’Anne Sylvestre. Son cœur bat à gauche mais son porte-monnaie, lui, reste de droite. La confrontation des deux pôles soulève bien des questions et des éclats de rire.

France-Fiction, de et avec Nicolas Robinet, mise en scène par Marie Bucher, avec également Léa Darmon-Raphoz et Maxime Helary : ils sont tout jeunes et ne manquent pas d’idée pour imaginer, à travers la lucarne de la télévision, ce qu’aurait donné notre société si Mai 68 avait été une véritable révolution !

Les mises en capsules - On peut s’appeler Alain et sauver le monde © Loïc Bartolini
On peut s’appeler Alain et sauver le monde © Loïc Bartolini

On peut s’appeler Alain et sauver le monde, de Loïc Bartolini et Jean Chaffard-Luçon, mis en scène par Loïc Bartolini, avec Nicolas Soulié ou Loïc Bartolini, Hélène Rossignol, Salomé Talaboulma, Jean Vocat, Michael Giorno Cohen, Alistair Wright, est un spectacle totalement loufoque s’appuyant sur les codes des séries d’espionnages télévisées. Les trouvailles de mise en scène et l’enchaînement des gags déclenchent les éclats rire.

Dans Pimousse, fin, fin et fin, texte et mise en scène de Lancelot Cherer, avec Eugénie Thieffry, Baptiste Dupuy, Lancelot Cherer, la fin du monde vient d’être annoncée par le Président (dans un passage hilarant)). Évitant les zombies et les intempéries, Bastien, Claire et Guillaume partent pique-niquer à la plage pour admirer leur dernier coucher de soleil. Cette petite folie, rondement menée, rappelle la grande et grande époque du café-théâtre.

Enfin, Pourquoi le sexe ça tache ?, texte et mise en scène de Wilhem Mahtallah, avec Inès Amoura, Mathilde Anquez, Alexandra Branel, Lison Chalmet, Raphaël Plockyn et Wilhem Mahtallah. Ce jeune collectif, qui aborde la découverte du sexe et de l’amour, n’a pas froid aux yeux. Et même si leur spectacle possède quelques défauts de la jeunesse, il comporte en lui toutes les promesses d’un très bel avenir !


Les mises en capsules
Théâtre Lepic
1 avenue Junot
75018 Paris.
Du 20 mai au 8 juin 2024.

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