Pas de deux, danses de groupe ou solo, les corps des danseurs de Philippe Decouflé volent et virevoltent dans un cabaret burlesque, une visite impromptue du Japon ou un bal vénitien costumé. Bien que séduit par ce patchwork chorégraphique et bigarré, par les performances virtuoses des artistes, on reste sur notre faim, l’ensemble manquant d’une étincelle qui emporterait le tout. Dommage !
A l’heure des vacances de fin d’année, les salles parisiennes proposent une série de spectacles légers, féeriques destinés à plaire à toute la famille. Au théâtre national de Danse de Chaillot, c’est Philippe Decouflé qui nous invite à un fascinant voyage à travers les époques, les lieux, les styles et les arts. Les enfants seront séduits par l’univers burlesque et drôle qu’insuffle le chorégraphe à ce spectacle mosaïque, les plus grands par les prouesses des danseurs, de véritables « multiperformers » qui savent aussi bien jouer du piano, voler dans les airs, tordre leur corps à la plasticité incroyable que chanter.
Tout commence par une danse de séduction suave, tendre, cocasse entre une femme (Violette Wanty) et deux hommes (Aurélien Oudot et Julien Ferranti). Costumes noirs, ils prennent possession de l’immense plateau et nous entraînent au cœur d’un cabaret hypnotique, fort plaisant. Puis, c’est un étonnant jeu de méli-mélo que nous propose Philippe Decouflé. Dans un « trou », le corpulent et souple Julien Ferranti s’amuse d’un corps polymorphe à la souplesse incroyable, irréelle, fait d’un torse ventru et de jambes fines. Ainsi de suite, le chorégraphe enchaîne les saynètes utilisant à la fois la technicité et la virtuosité de ses interprètes que les moyens techniques modernes. Ainsi, grâce à la vidéo, il nous offre sa vision espiègle de l’évolution humaine se jouant des ralentis. Avant de nous immerger dans une comédie musicale dépeignant un Japon de cartes postales acidulé et burlesque, il nous entraîne dans un bal, peu inspiré et fort déstabilisant, de bouffons vénitiens.
Si l’on peut regretter les dissemblances, les inégalités de rythme et d’écriture chorégraphique qui parfois nous font perdre le fil, on se laisse séduire par cet ensemble disparate aux multiples couleurs, par cette parenthèse enchantée toute en légèreté et gourmandise. Ces Nouvelles pièces courtes n’ont certes rien d’innovant, mais doivent se déguster pour ceux qu’elles sont un divertissement parfait à partager en famille.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Nouvelles pièces courtes de Philippe Découflé
Théâtre national de Danse de Chaillot
Salle Jean Vilar
1, place du Trocadéro
75016
Jusqu’au 12 janvier 2018
Durée 1h30
mise en scène et chorégraphie de Philippe Decouflé assisté d’Alexandra Naudet
de et avec Flavien Bernezet (caméra et cajón), Meritxell Checa Esteban, Julien Ferranti (piano Et chant), Aurélien Oudot (acrobatie Et piano), Alice Roland, Suzanne Soler (aérien), Violette Wanty (chant et flûte traversière)
musiques originales de Pierre Le Bourgeois – Peter Corser, Raphael Cruz – Violette Wanty, Cengiz Djengo Hartlap
textes originaux Alice Roland
lumières Et régie générale de Begoña Garcia Navas
vidéo d’Olivier Simola et Laurent Radanovic
scénographie Alban Ho Van assisté d’Ariane Bromberger
Costumes de Jean-Malo et de Laurence Chalou assistés de Charlotte Coffinet et Peggy Housset
régie plateau et Vols de Léon Bony
régie plateau Et construction de Guillaume Troublé
régie son de Jean-Pierre Spirli
Extraits musicaux d’Antonio Vivaldi, extraits Du Stabat Mater (Andreas Scholl, Ensemble 415 Chiara Bianchini) et du Concerto pour 2 mandolines en sol majeur (Claudio Scimone) / Antonio Carlos Jobim, Samba De Una Nota Só (The composer of desafinado plays), Hoopi Sol, Farewell Blues / Joseph Racaille, Cléo Mambo / Tau Moe Family, E Mama Ea / Paulinho Da Viola, Dança De Solidão / Shugo Tokumaru, Bricolage Music (Toss Album)
Crédit photos © Laurent Philippe