Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Une virée, d’après le texte d’Aziz Chouaqui, mis en scène par Jean-Louis Martinelli. J’étais allé à la première et ce fut un vrai choc. Je me suis vu représenté au théâtre par les trois acteurs immenses que sont Zakariya Gouram, Mounir Margoum et Hammou Graïa. Des acteurs qui ont mon corps. Pendant toute la durée du spectacle, je me disais intimement : c’est donc possible d’en faire son métier !
Quel déclencheur vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
En réalité, c’est au moment de l’entrée à l’Éracm que j’ai senti un tournant plus professionnel à ma pratique. J’ai été amené à travailler durant ces trois années avec des acteurs du métier, ce qui donne une dimension autre, un rapport différent avec une approche plus profonde du jeu, du corps, de la voix…
Qu’est ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien, auteur et metteur en scène ?
Le destin a une part énorme dans mon parcours. Rien ne me prédestinait à évoluer dans l’univers artistique. À dix-huit ans, j’ai un Bac pro comptabilité. À vingt ans, je suis en faculté de droit à Bordeaux, et c’est là que des camarades “futurs avocats” se mettent à l’art oratoire. Par mimétisme, je vais au conservatoire.
Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Illumination(s) d’Ahmed Madani. Une aventure folle, avec celui qui est pour moi le meilleur directeur d’acteurs de la scène contemporaine actuelle. Ahmed sait parfaitement se saisir de la simplicité du quotidien des gens et en faire des héros.
Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Ce n’est pas parce que j’ai travaillé dedans, mais je dirais Illumination(s).
Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Elles sont multiples. La beauté de ce métier réside dans la rencontre permanente de nouvelles équipes.
En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
Il me nourrit au quotidien. Il mène à une curiosité constante. À une écoute permanente de la société. Aucune chance d’être lassé par la routine.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
La musique, la nature, mes enfants.
De quel ordre est votre rapport à la scène ?
J’ai toujours eu une approche plutôt primaire du plateau. Instinctive. Pas de chichi, juste être là, avec le présent et les gens. Ce qui compte c’est ce que l’on a à dire. Après il y’a mille façons de le faire.
Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Joël Pommerat.
À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
À une cour d’honneur pleine d’humanité, pleine de corps et de voix migratoires.
Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
I will survive de Gloria Gaynor version Coupe du monde 98. Ma vie serait ainsi une fête permanente.
Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Ma République et moi d’Issam Rachyq-Ahrad
vu en janvier 2024 au Festival Trajectoires-Carros
Théâtre de Grasse
Durée 50 min environ
Tournée
22 au 26 mai 2024 au CDN-TGP de Saint-Denis (93)
29 juin au 21 juillet 2024 au Théâtre des Halles, Festival OFF d’Avignon
mise en scène, interprétation – Issam Rachyq-Ahrad
collaboration artistique – Thibault Amorfini
dramaturgie, scénographie, lumière – Frédéric Hocké
son – Frédéric Minière