Par sa longévité, ce festival démontre que ces manifestations culturelles ont leur rôle à jouer dans l’épanouissement culturel. Comment l’expliqueriez-vous ?
David Nathanson : Hormis le festival d’Avignon, il n’y a pas à ma connaissance, beaucoup d’autres festivals de théâtre en France qui connaissent une telle longévité. Cette longévité peut s’expliquer par plusieurs raisons. D’abord par la foi inébranlable et la curiosité insatiable que l’équipe fondatrice a gardées tout au long de ces années. Ensuite par le fait que le festival est soutenu depuis toujours par les institutions (mairie de Coye-la-forêt, communauté de communes, département, régions, état…). Si ce soutien existe, c’est sans doute parce qu’elles ont compris l’importance d’avoir une telle offre culturelle pour le territoire, notamment le sud de l’Oise.
Enfin, on ne tient pas 43 ans, si l’on n’est pas suivi (de près) par le public. Et il faut noter ici la capacité depuis des années, et bien avant nous, de toute l’équipe du festival, d’établir une confiance entre le festival, le territoire et le public grâce à la qualité et l’éclectisme de la programmation, mais aussi grâce au professionnalisme de l’organisation. Notre festival est aussi l’une des offres principales de spectacle vivant de cette ampleur dans le sud de l’Oise, et vise à être structurant à l’année.
Enfin il faut noter le travail indispensable fait auprès du jeune public (maternelles, primaires, collèges et lycées) depuis toujours. Cette année, les enfants de Coye et de la région auront la chance de voir, entre autres, ces deux spectacles magnifiques que sont Vie et Le Mensonge. Cette proximité avec les plus jeunes, c’est aussi une façon de préparer, déjà, le festival de demain en créant une véritable école du spectateur.
Comment êtes-vous arrivé dans l’aventure de ce festival ?
David Nathanson : Ma compagnie de théâtre est installée à Lamorlaye, la ville voisine de Coye-la-forêt. Je connaissais bien Laurent Domingos, l’actuel président du festival (et par ailleurs coprésident du Festival Off d’Avignon), lui-même habitant de Coye. C’est donc assez naturellement qu’il m’a demandé, il y a quelques années, de rejoindre l’équipe pour travailler sur la programmation Jeune Public. Récemment, l’équipe en place a souhaité que de nouvelles personnes prennent en charge la direction artistique. Emmanuelle Zbynovsky et moi-même nous sommes portés candidats pour former une codirection. Il faut noter cependant que la programmation n’est pas prise en charge exclusivement par la direction artistique. Nous sommes nombreux dans l’équipe du Festival à aller voir des spectacles tout au long de l’année. C’est ensemble que nous décidons de la programmation.
Comment élaborez-vous sa programmation très éclectique ?
David Nathanson : Depuis son origine et sa création par Claude Domenech et Jean-François Gabillet, le festival marche sur deux jambes, une programmation exigeante ET populaire. Faisant sienne la phrase bien connue d’Antoine Vitez de « la culture élitaire pour tous », le festival a repris le credo du théâtre populaire. Le festival en est à sa 43e édition et peut s’appuyer sur un public fidèle et connaisseur. Cette proximité avec le public nous permet de suivre parfois des chemins plus aventureux et de montrer des propositions artistiques qui étonnent ou qui détonnent.
Cette année, nous proposons par exemple L’échappée, de Philémon Vanorlé. Une hilarante conférence qui interroge sur l’art contemporain et sur notre rapport à la mort. De manière générale, nous ne nous demandons pas ce qui va plaire au public mais ce qui nous plaît à nous et que nous aurons plaisir à faire découvrir aux spectateurs. Et puis notre travail consiste aussi à aller chercher des spectacles qu’on ne voit pas forcément ailleurs. C’est sans doute ce qui donne au Festival cette couleur unique faite de pièces à succès. L’an dernier nous avons programmé Courgette qui a eu 7 nominations aux Molières. Sans oublier des découvertes plus inattendues, comme Butterfly, par exemple, un bijou musical qui sera programmé le 23 mai prochain.
Quels seront les temps forts de cette édition ?
David Nathanson : Le programmateur que je suis aura du mal à répondre à cette question. J’aime tous les spectacles qui sont programmés. J’en ai déjà cité deux. Au vu des réservations, on sait que Punk.e.s, Denali ou Au bonheur des vivants seront des vrais succès. Mais je pense que le public aurait tort de ne pas se précipiter le 24 mai sur cette merveille qu’est La Trouée, écrite et interprétée par Cécile Morelle ou encore sur l’extrêmement drôle Détours et autres digressions de la Fabrique Imaginaire qui donnera le 28 mai une véritable leçon de burlesque et de poésie.
Propos recueillis par Marie-Céline Nivière
43e édition du festival théâtral Coye-la-forêt
Centre Culturel
1 route de Lamorlaye – 19 bis rue d’Hérivaux
60580 Coye-la-Forêt.
Du 13 mai au 8 juin 2024.