Soraya Thomas © Marie-Julie Gascon
© Marie-Julie Gascon

Soraya Thomas, la mode comme sujet chorégraphique

Artiste accompagnée par la Manufacture – CDCN nouvelle Aquitaine, la danseuse et chorégraphe vient de présenter à la chapelle Saint-Vincent de La Rochelle une étape de travail de sa prochaine création, "Les Jupes". Celle-ci verra le jour le 1er juin prochain au musée de la Mode à Paris, lors de la Nuit Blanche.

Soraya Thomas : Le mouvement a toujours fait partie de moi. Dès le plus jeune âge, je bougeais et dansais dans la cuisine ou le salon de mes parents. Voyant cette énergie, mes parents m’ont alors inscrite aux cours de danse classique de ma commune. Je rêvais d’être une ballerine comme les petites filles de l’époque mais mon corps et mes dispositions physiques n’allaient pas dans ce sens… J’ai alors expérimenté tout type de danse, moderne, africaine, traditionnelle haute savoyarde. Et c’est avec la danse contemporaine que j’ai découvert la liberté dont j’avais besoin.

Les jupes de Soraya Thomas © Cédric Demaison
Les Jupes de Soraya Thomas © Cédric Demaison

Soraya Thomas : Personne, à vrai dire…c’est devenu une nécessité à un endroit de ma carrière. Bien sûr le travail de Lloyd Newsons, Alain Platel, de Wim Wandekeybus m’ont beaucoup inspiré, sans parler de Pina Bausch. Un profond désir d’émancipation est à l’origine de ma démarche chorégraphique avec une envie de remettre du sens à mon geste dansé.

Soraya Thomas : La genèse des Jupes s’appuie sur un nouveau cycle pour moi. J’aime distiller des thématiques fortes dans les projets de la compagnie. Celles qui m’ont intéressée ici sont la joie et l’insoumission. Je me suis alors penchée sur le livret de Clément Rosset La Force Majeure. Pour moi, la danse contemporaine est insoumise car elle n’a de cesse de déconstruire des systèmes. Elle devient joyeuse par cet acte fort. Le questionnement sur les corps masculin est arrivé par la suite et j’ai tout de suite eu envie de le traiter dans ce sens. 

Soraya Thomas : Ce qui m’a intéressé, c’est la présentation des modèles et des corps que l’ont oublie pour présenter les vêtements. Comment cette absence d’individualité et cette uniformisation constituent un acte de création. C’est tout l’opposé de mon travail. C’est une parade comme les parades militaires pour moi, l’individu n’est pas montré, la forme oui… Dans Les Jupes, nous tentons, avec les danseurs et mon équipe de création, de retrouver de l’humanité, de l’imperfection, des craquages. Je me demande toujours à quoi pense les mannequins quand ils défilent, quelles relations ils ont à ce moment-là avec leur corps.

Les Jupes de Soraya Thomas © Marie-Julie Gascon
Les Jupes de Soraya Thomas © Marie-Julie Gascon

Soraya Thomas : J’amène des principes chorégraphiques que les danseurs expérimentent et cela crée de la matière. À partir de cela, j‘imagine une première structure que je vais travailler dans l’espace, le rythme et les intentions. Je construis mes pièces avec les interprètes en amenant des valeurs de travail, d’interconnexion. Dans le cas de figure des Jupes, ce sont leurs individualités qui m’ont intéressée, leurs différences de physicalité ou dans la manière d’appréhender le mouvement…

Soraya Thomas : Oui, même si cela reste fragile, expérimenter devant un public, c’est toujours intéressant à mon sens. Les échanges sont bénéfiques, cela permet de ponctuer la création, et d’ouvrir le processus de création aux publics, leur donner des clés de lecture sur le travail et leur permettre d’appréhender des écritures plurielles.


Les Jupes de Soraya Thomas
Premiers Regards – La Manufacture CDCN Nouvelle Aquitaine

Tournée
8 au 10 mai 2024 au Séchoir, Saint-Leu (La Réunion)
24 mai au Théâtre Luc Donat, Le Tampon (La Réunion)
le 1er juin 2024 au Musée de la Mode dans le cadre de La Nuit Blanche à Paris

Chorégraphie de Soraya Thomas
Assistante chorégraphique – Maëva Curco-Llovera
avec Piero Dubosc, Adrien Martins, Gwendal Raymond, Jules Martin
Collaboration musicale d’Erick Lebeau
Création lumière de Christophe Bruyas
Ingénieur son – Nicolas Rapeau
Costumes de Juliette Adam
Scénographie de Camille Constant et Soraya Thomas
Construction scénographie – Frédéric Dussoulier (Réunion) et Cédric Perraudeau ( France)

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