Ce qu'il faudra laisser aux anges - Compagnie du Libre Acteur © Sébastien Bonnabel
© Sébastien Bonnabel

Ce qu’il faudra laisser aux anges, le mode d’emploi de la vie

À travers différents tableaux, traités comme des courts métrages, la Compagnie du Libre Acteur explore les chemins, calmes ou tourmentés, traversés par l’être humain au fil de son existence. C’est magnifique.

Dieu aurait inventé les anges pour avoir des spectateurs ! Sinon, sa création, le monde et les humains qui le composent, n’auraient servi à rien. Ces guides protecteurs qui nous observent du ciel tentent, comme nous, de comprendre le sens de cette vie de mortels. C’est le point de départ de la très belle pièce de Laura Léoni, Ce qu’il faudra laisser aux anges, mis en scène avec une belle poésie par Sébastien Bonnabel.

Ce qu'il faudra laisser aux anges - Compagnie du Libre Acteur © Sébastien Bonnabel
© Sébastien Bonnabel

Auréolés d’une lumière diaphane, ces anges surgissent dans la salle entre les scènes. Leur présence apaisante sert à canaliser l’attention des spectateurs sur les histoires qui défilent devant leurs yeux. Au plateau, presque rien, juste un « espace vide » avec pour seul élément de décor, un lit qui ne cessera d’être déplacé au fil des récits.

Rien de plus intime et de doux que cet endroit où l’on dort, se repose, s’aime, se déchire, où l’on naît et où l’on meurt. On y pleure en solitaire où à deux. On y fait des rêves ou des cauchemars… C’est bien au chaud, calfeutré entre les draps ou les bras d’un autre que l’on va lâcher prise. La scénographie de Mégane Atie, rehaussée par le très beau jeu de lumières, très cinématographique, de Garance Sanders, fonctionne à merveille. Elle donne libre cours à notre imaginaire pour remplir les vides.

Laura Léoni est une autrice qui sait parler de l’existence et des êtres (La folle inconvenante histoire des femmes, La trajectoire des Gamètes). Les fragments de vie qu’elle a choisi d’explorer interpellent parce que délicatement ils renvoient le public à ses expériences, ses angoisses, ses questionnements personnels. Tous les personnages, croqués d’un trait très précis, résonnent en chacun de nous. On les connaît bien, ces frères et sœurs de route, avec leurs doutes, leurs certitudes, leurs angoisses et leurs fragilités. Il n’est pas facile d’aimer et d’être aimé, de dire ce que l’on ressent, d’accepter le temps qui passe, d’aborder la maladie et encore moins la mort. Ces choses de la vie s’enchaînent dans un tourbillon de scènes captivantes. Comme dans le quotidien, l’émotion et le rire font bon ménage.

Ce qu'il faudra laisser aux anges - Compagnie du Libre Acteur © Sébastien Bonnabel
© Sébastien Bonnabel

Ils sont onze comédiens et comédiennes à jouer en alternance. Chaque soir la distribution change. Les rôles sont distribués différemment. Donc selon la représentation, le spectacle offre de légères variations. Lors de notre venue, c’était au tour de Marine Dusehu, Marie Hennerez, Louise Rebillaud, Éric Chantelauze, Stéphane Giletta et Pierre Cachia de faire vivre, à travers la diversité de leurs jeux, tous les personnages. Ils évoluent avec une belle aisance dans la mise en scène très efficace de Sébastien Bonnabel.

À aucun moment, le fil de ce patchwork aux nombreuses couleurs ne se rompt et se perd. Le metteur en scène est doué pour faire que les scènes, toutes chargées d’ une belle intensité, s’enchainent avec fluidité. Nous avions découvert son travail très précis et original en 2015, avec la pièce de Melquiot, Autour de ma pierre il ne fera pas nuit. Puis ensuite, nous avions suivi avec intérêt ses spectacles immersifs : Smoke Rings de Léonore Confino, Cyrano Ostinato fantaisies autour du chef-d’œuvre de Rostand. Avec cette nouvelle production, la Compagnie du Libre Acteur poursuit avec tout son talent, son beau parcours artistique. Bravo !


Ce qu’il faudra laisser aux anges de Laura Léoni
Théâtre Lepic
1 avenue Junot
75018 Paris.
Jusqu’au 12 mai 2024
Durée 1h40

Mise en scène de Sébastien Bonnabel
Avec (en alternance) Pierre Cachia, Pauline Cassan, Éric Chantelauze, Marie Combeau, Marine Dusehu, Stéphane Giletta, Marie Hennerez, Pascale Mompez, Philippe de Monts, Louise Rebillaud, Kévin Rouxel
Création lumière de Garance Sanders
Scénographie de Mégane Atie
Costumes de Julia Allègre
Assistanat à la mise en scène – Hélène Boutin

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Contact Form Powered By : XYZScripts.com