Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Le spectacle de Guignol au Buttes-Chaumont, auquel j’allais avec ma grand-mère.
Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
Un professeur de français m’avait suggéré de faire du théâtre pour canaliser ma fantaisie. C’était moins l’envie d’une carrière que la volonté d’un professeur qui voulait me calmer.
Qu’est ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien ?
J’ai toujours été fasciné par les « héros », ceux qui se sentent trop à l’étroit dans l’existence et qui ont mille vies en une : Hugo, Gary, Kessel… J’ai très vite eu l’envie de les raconter, de les imaginer dans leurs aventures. Et depuis dix ans, j’ai commencé une série de portraits des grands témoins du XXe siècle.
Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Le Chapeau de paille d’Italie d’Eugène Labiche. C’était mon premier engagement, j’avais quinze ans et je pensais que j’allais révolutionner le monde avec ce spectacle. Il faut bien reconnaître que nous n’avions pas été à la hauteur de 1789…
Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Par fidélité à l’ado que j’étais, je dis : 20 000 lieues sous les mers, le remarquable travail de marionnettes de Christian Hecq et Valérie Lesort. Jules Verne m’a donné envie de lire quand j’étais adolescent, puis Céline m’a donné un complexe d’écriture et Mark Twain m’a réconcilié avec l’envie de lire et d’écrire.
Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Il y a ceux qui veulent vous empêcher et ceux qui vous portent. Mes plus belles rencontres se trouvent du côté de ceux qui m’ont porté.
En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
Le théâtre nous renseigne sur nous-même. Je ne sais pas si c’est essentiel à mon équilibre. C’est plutôt essentiel à mon déséquilibre.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
Les voyages. La mise en scène. Cette idée que l’acteur est là pour révéler au metteur en scène ce qu’il ne savait pas qu’il voulait. Et qu’ensemble, comédiens et metteur en scène nous emmènent en voyage sans savoir où l’on va.
De quel ordre est votre rapport à la scène ?
C’est un rendez-vous sacré. Le théâtre est la maison de l’homme, la scène l’endroit où il se déshabille.
À quel endroit de votre chair, de votre corps situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Le corps tout entier. Je travaille mes personnages en commençant par le corps. La voix suit, complète et parfois trahit.
Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Je voudrais trouver l’énergie du rock sur une scène de théâtre. Iggy Pop, s’il accepte de mettre un costume de théâtre sur son torse nu.
À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
Organiser une exposition pataphysique. Créer le premier film sans image et sans son ou une exposition de toiles non peintes. Ou la vingt-millième représentation de la Cantatrice chauve !
Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Sans hésiter, l’Art de la fugue de Bach. Et peut-être ne faire jouer que les silences de cette partition… Les silences de Bach !
Propos recueillis par Marie-Céline Nivière
Kessel, la liberté à tout prix, texte et mise en scène de Mathieu Rannou
Théâtre Rive Gauche
6 rue de la Gaité
75014 Paris.
Jusqu’au 26 juin 2024.
Durée 1h10.
Pour lire les articles sur Les 70 ans de la Cantatrice chauve (cliquez ici), La promesse de l’aube (cliquez ici), Le visiteur (cliquez ici), Tempête en juin (cliquez ici).