Les manuels d’histoire adorent rayer de la mémoire collective les faits héroïques menés par des anonymes, surtout lorsque ceux-ci se conjuguent au féminin. Maud Lesur s’est intéressée à l’une d’entre elle, Rose Valland, dans une pièce dont le didactisme est excusé par l’ampleur de la chose à raconter.
Rose Valland travaillait au Musée du Jeu de Paume où, dès l’occupation, les nazis installèrent leur QG de pillages. Au péril de sa vie, Rose essaya de « sauver la beauté du monde », en notant et en pistant les œuvres. Elle arrivera même à faire détourner un convoi en partance pour l’Allemagne. En 1964, cette histoire servait d’ailleurs de trame au film Le Train, avec Burt Lancaster et Suzanne Flon. Dès la fin de la guerre, l’héroïne discrète œuvra pour retrouver et rendre les biens volés.
Dans une mise en scène très vive, où les scènes s’enchaînent et les lieux se dessinent à l’aide de panneaux, l’autrice déroule cette histoire incroyable. Tout tourne autour de la personnalité de Rose. L’épatante Alexandra Sarramona l’incarne avec la rigueur et l’humanité qui ont nourri cette femme courageuse et têtue. Antoine Bobbera, Marion Cador, Raphaël Cohen, Remi Couturier et Benjamin Arba (qui remplaçait Xavier Fagnon le soir de notre venue) font vivre avec fougue les nombreux hommes et femmes, célèbres ou inconnus, qui ont participé à l’aventure de cette résistante montée « au front de l’art ». C’est passionnant.
Marie-Céline Nivière
Rose Valland, sauver la beauté du monde, texte et mise en scène de Maud Lesur
Théâtre la Boussole
29 rue de Dunkerque
75010 Paris
Jusqu’au 27 avril 2024
Durée 1h20
Avec Alexandra Sarramona, Antoine Bobbera, Marion Cador, Raphaël Cohen, Remi Couturier et Xavier Fagnon
Lumières de Denis Schlepp
Direction d’acteur de Nicolas Dereatti
Collaboration au décor de Gérald Galiano