La beauté sauvera le monde, c’est ce que nous a rappelé Dostoïevski dans L’idiot. Cette phrase a inspiré la jeune comédienne pour développer l’argument de son premier seule-en-scène imaginé lors du confinement — cette période qui a enfermé l’être humain chez lui et où la nature, libéré de son tourment, avait pu enfin respirer.
La petite salle de l’Essaïon – où le spectacle a été créé – une cave tout en pierres, se prête bien à l’image d’un monde futuriste où l’on vit sous terre, tout ayant été détruit au-dessus. Fatiguée, une femme emmitouflée, un gros sac sur le dos, un tout petit bébé dans les bras, qui traverse l’espace scénique dépouillé, décide de se poser là. Le nourrisson peinant à trouver le sommeil, sa mère prend un livre et lui lit un magnifique passage sur la Terre, la nature, celle d’avant. Puis, elle raconte le pourquoi du comment de cette catastrophe annoncée.
Mise en scène par Pierre Boucard, Barbara Castin installe, dans un jeu très fin, les deux époques. Celle d’avant, où son personnage était une chercheuse que personne n’a su écouter. Cette partie, fort bien documentée, pêche un peu. Ce combat de David contre Goliath reste trop didactique. En revanche, le dialogue qui vient après entre cette mère et cet enfant, qui peut être vu comme un fantasme, est magnifique. La comédienne a puisé chez Péguy, Ronsard, Blixen et plus particulièrement chez Giono une matière nourrissante, qui célèbre la beauté de la nature, de ce monde que nous devons préserver pour ne pas mourir. Elle le dit avec la force de la passion. Et c’est beau.
Marie-Céline Nivière
La beauté sauvera le monde, de et par Barbara Castin.
Festival OFF Avignon
Théâtre des Corps-Saints
76 place des Corps-Saints.
Du 3 au 21 juillet 2024 à 20h40, relâche les 9, 16 juillet.
Durée 1h10.
Théâtre de l’Essaïon
6 rue Pierre au lard
75004 Paris.
Jusqu’au 19 mars.
Mise en scène de Pierre Boucard.
Scénographie de Violette Graveline.
Lumières d’Antonio de Carvalho.
Costumes de Viollaine de Merteuil.
Merci! ♥️