Dans une ville de province, un petit collège tranquille se retrouve en proie à une agitation peu ordinaire. La 4eA s’est révoltée, déclenchant une lutte de classe ! Pourquoi ? Pour rien, diront les uns. D’autres, au fil du récit, comprendront que la bataille a plein de raisons. Et celles-ci sont loin d’être anodines.
Il y a le suicide manqué d’une camarade, un petit nouveau qui aime chambouler les règles, un délégué de classe qui se prend pour Iznogoud, un proviseur dépassé, des professeurs moins compréhensifs que d’autres, et une menace qui pèse… Quitte à avoir un zéro de conduite, les gamins, passant de l’insouciance de l’enfance à la conscience sociale, ont décidé de dire non !
L’instruction est comme la liberté, elle ne se donne pas, elle se prend. (Joseph Jacotot)
L’auteur Guillaume Cayet (Grès) a fait un an d’immersion dans un collège à Gerbéviller, en Meurthe-et-Moselle, avec un sens très aigu de l’observation et de l’écoute. Il a bien su retranscrire la micro-société que forment les élèves d’une classe. À treize ans, on est des êtres en devenir, singeant souvent les adultes, cherchant notre place dans le présent pour pouvoir nous projeter dans l’avenir. Le texte de la pièce est remarquable. Les jeunes présents dans la salle de la Manufacture s’y sont reconnus et les plus anciens ont pu replonger dans leurs souvenirs. Finalement, peu de choses ont changé. Ce spectacle porte à réfléchir sur l’idée utopique selon laquelle « la possibilité de changer le monde passera par une refonte totale de l’école ».
La bonne idée est d’avoir choisi une élève, Emma, la discrète, qui, en adresse directe au public, nous raconte avec ses mots, selon sa perception, les trois jours qui ont chamboulé leur existence. Otilly Belcour, sans jamais tomber dans la caricature, donne corps à cette gamine futée. Autour d’elle, hauts en couleur et en palette de jeux, Alexis Barbier, Djibril Mbaye, Bénédicte Mbemba et Sacha Vilmar font vivre les camarades, les professeurs et pions dans une étonnante partition brillamment orchestrée par la metteuse en scène Julia Vidit.
Tout se déroule dans la salle de classe, avec ses pupitres et chaises d’écoliers, ces néons froids… Cela aurait pu être statique, mais il n’en est rien. Elle arrive même, par la force des mots et du mouvement, à nous en faire sortir ! Sortez vos cahiers de correspondance et notez bien d’aller voir, lorsque cela passe près de chez vous, cette fameuse Quatrième A.
Marie-Céline Nivière
Quatrième A (lutte de classes) de Guillaume Cayet
Théâtre de la Manufacture – CDN Nancy Lorraine
10 rue Baron Louis
54000 Nancy
Du 20 au 24 février 2024
Durée 1h15
Tournée 2024
12 mars à la Scène nationale 61 d’Alençon
14 mars à la Scène nationale 61 de Flers
19, 20 mars à Château Rouge, scène conventionnée d’Annemasse (74)
23 mars aux Transversales, Théâtre de Verdun (55)
28 mars à L’Arc, scène nationale Le Creusot (71)
3, 4 et 5 avril au Théâtre du Point du jour, Lyon (69)
12 et 13 avril au Théâtre de la Madeleine, Troyes (10)
18 avril à l’ACB, scène nationale Bar-le- Duc (55)
Mise en scène Julia Vidit
assistée de Chad Colson
Avec Alexis Barbier, Otilly Belcour, Djibril Mbaye, Bénédicte Mbemba et Sacha Vilmar
Scénographie de Thibaut Fack
Lumière Nathalie Perrier
Création sonore de Manon Amor
Costumes de Valérie Ranchoux-Carta
