C’est pas facile d’être heureux quand on va mal de Rudy Milstein © Alejandro Guerrero
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Rudy Milstein part à la quête du bonheur avec succès

Au Théâtre Lepic, l'artiste, aux nombreux talents, en passe de devenir notre Woody Allen national, régale les zygomatiques avec sa nouvelle comédie, C'est pas facile d'être heureux quand on va mal.

Avec son humour délectable, n’ayant pas peur de se moquer de lui-même, Rudy Milstein sait trousser ses comédies. Ses deux précédentes pièces, Les malheurs de Rudy et J’aime Valentine mais bon…, ont connu un beau succès public et critique. Son credo : croquer avec gourmandise les contradictions qui agitent l’être humain face à la société qui a tendance à le faire dérailler. N’échappant pas à ses sujets de prédilection, sa nouvelle comédie est un petit bijou du genre.

C’est pas facile d’être heureux quand on va mal de Rudy Milstein © Alejandro Guerrero
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Depuis toujours, le bipède court après le bonheur et se prend très souvent les pieds dans le tapis. Cela se complique souvent lorsque l’on veut le partager. Cinq parisiens sont en quête de ce fameux idéal. Si l’on en creuse un peu la définition, c’est un état où « la souffrance, l’inquiétude, le trouble sont absents ». En gros, le bonheur est « en lien avec l’image que l’on a de soi par rapport à tout ce qui nous entoure ». Et c’est bien là tout le problème de ces futurs quadras qui ont tendance à se prendre pour des paillassons.

Il y a Nora et Jonathan, un couple mal assorti qui ne se supporte plus. Nora râle tout le temps. Elle se sent agressée autant par la société que par les gens qui la composent. Baya Rehaz est formidable en bulldozer qui cache un cœur bien trop tendre. Obsédé par la Shoah et les fantômes de sa famille, Jonathan est psy. Tout semble glisser sur lui, ce qui peut agacer son entourage. Nicolas Lumbreras est impayable dans ce rôle de flegmatique qui lui va à merveille.

C’est pas facile d’être heureux quand on va mal de Rudy Milstein © Alejandro Guerrero
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Le couple, en voie de séparation, a pour meilleurs amis Timothée et Jeanne. Lui, c’est l’intellectuel, éternel étudiant qui n’arrive pas à terminer sa thèse. En attendant, il écrit les discours d’un député. Il assume son homosexualité mais s’y prend très maladroitement pour trouver l’homme de sa vie. Dans son costume impeccable de technocrate prétentieux, le subtil Erwan Téréné est étonnant. Quant à Jeanne, c’est la bonne copine. Celle qui a une vie de m… depuis toujours. La preuve, un cancer du sein vient de se déclarer. Zoé Bruneau est exceptionnelle dans ce personnage sensible qui réapprend à vivre.

Et puis, il y a Maxime, le gars que le hasard fait passer par là et intègre à cette vieille bande de potes dysfonctionnelle. Il est la nonchalance incarnée. Tour à tour agaçant, désespérant, immature et terriblement attachant, il cherche sa place sans jamais la trouver. Son quotidien est bien plat. Maladroit en tout, il aimerait trouver l’homme de sa vie et ainsi un sens à lui donner. Rudy Milstein est, comme toujours, inénarrable dans ce personnage qui a tout de Droopy.

La mise en scène, co-signée par l’auteur et Nicolas Lumbreras, est magnifique. Les trouvailles scénographiques — un grand banc noir transformable, des lignes qui dessinent sur le mur du fond les lieux — rendent extrêmement fluide l’évolution des situations. C’est aussi beau qu’efficace. Maintenant on sait où trouver le bonheur : au théâtre Lepic.


C’est pas facile d’être heureux quand on va mal de Rudy Milstein
Théâtre Lepic
1 avenue Junot
75018 Paris.
Reprise du 4 septembre au 24 novembre 2024
Durée 1h15

Reprise à partir du 28 novembre au Théâtre Tristan Bernard

Mise en scène de Rudy Milstein et Nicolas Lumbreras assistés de Samuel Duthu
Avec Zoé Bruneau, Baya Rehaz ou Constance Carrelet, Rudy Milstein, Nicolas Lumbreras et Erwan Téréné.
Scénographie de Natacha Markoff
Création lumière de Denis Koransk
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