Le XIXe siècle nous a donné de grands auteurs. Le dandy Barbey d’Aurevilly (1808-1889) en fait incontestablement partie. Son œuvre littéraire, imprégnée de sa foi catholique, s’interroge sur la question du mal et du péché. Jugé immoral et scandaleux, son chef-d’œuvre, Les Diaboliques (1874), a été condamné et a failli ne jamais sortir.
Christophe Barbier débute par le procès d’intention envers l’auteur. L’écrivain s’en défend. « Le but de toute mon œuvre est de moraliser mes semblables en leur donnant l’horreur du vice… ». Mensonge, tromperie, adultère, meurtre, rancune, l’être humain est ainsi fait, entre le diable et le bon Dieu. Pour preuve, il donne à entendre quatre des six nouvelles qui composent son livre. Dans un bel exercice de style, Le bonheur est dans le crime, Le rideau cramoisi, La vengeance d’une femme et Un dîner d’athée se (re)découvrent avec bonheur.
Nicolas Briançon, avec tout le talent qu’on lui connait, a créé un formidable spectacle. Dans un découpage très vif, les comédiens et la comédienne font entendre la voix de Barbey d’Aurevilly. Puis, telles des poupées russes, ils se glissent dans les personnages des récits et les font vivre. Aucun temps mort dans ce tourbillon mené brillamment par Gabriel Le Doze, Krystoff Fluder, Reynold de Guenyveau et Magali Lange. Les rôles féminins ne sont pas toujours interprétés par la comédienne, et de la même manière, le jeune premier n’est pas forcément joué par celui qui en a le physique et l’âge ! Une excellente idée qui montre toute la grandeur de l’art dramatique. S’appuyant sur le décor de Bastien Forestier, les lumières de Jean-Pascal Pracht et les costumes du grand Michel Dussarat, la scénographie est de toute beauté. Le théâtre est à la fête !
Marie-Céline Nivière
Les Diaboliques de Christophe Barbier, d’après Jules Barbey d’Aurevilly
Théâtre de Poche Montparnasse
75 boulevard Montparnasse
75006 Paris.
Jusqu’au 10 mars 2024.
Durée 1h30.
Mise en scène de Nicolas Briançon,
assistée d’Elena Terenteva.
Avec Gabriel Le Doze, Magali Lange, Krystoff Fluder, Reynold de Guenyveau.
Lumières de Jean-Pascal Pracht.
Décor de Bastien Forestier.
Costumes de Michel Dussarat.
Son Émeric Renard.
