Mondial placard - Côme de Bellescize © Fabienne Rappeneau
© Fabienne Rappeneau

Bellescize fait claquer les portes du Mondial Placard

Au théâtre Tristan Bernard, l'auteur et metteur en scène signe un vaudeville contemporain qui sort la condition féminine de son placard !

À l’époque de Feydeau, les femmes étaient à la maison, les hommes étaient des oisifs, des rentiers. Ces derniers n’avaient pour but que de tromper les premières. Celles-ci ne s’en laissaient pas conter. Depuis, les choses ont bien changé : tout le monde bosse. Une chose reste encore immuable, les femmes se font toujours avoir. Côme de Bellescize (Le bonheur des uns), dessine avec Mondial Placard, une comédie sur la place des femmes dans le monde professionnel et dans la société.

Mondial placard - Côme de Bellescize © Fabienne Rappeneau
© Fabienne Rappeneau

Un patron, dieu le père (excellent Jean Alibert), a décidé d’embaucher au poste de directeur de vente, une femme. Marion a toutes les compétences nécessaires pour redynamiser sa boîte. À quelque temps de la retraite, cela l’amuse de bousculer un peu cette entreprise très masculine. Parce que si ce sont les femmes qui rangent les placards de la maison, ce sont des hommes qui les conçoivent et les vendent !

Évidemment, l’arrivée de cette nouvelle recrue ne va pas plaire du tout. Pourtant elle connait bien son job et a de l’empathie pour les employés qui vont lui mener la vie dure. Éléonore Joncquez est exceptionnelle dans ce rôle. Tout dans son jeu nous régale, surtout quand sur une idée de son patron, elle se travestira en homme et s’amusera de leur travers. Cette épatante comédienne qui maîtrise son clown est tout à son aise dans ce personnage. C’est elle qui tient toute la pièce.

Côme de Bellescize dresse un panorama du monde du travail qui demeure assez machiste malgré les évolutions de la société. Est-il vraiment prêt à la parité ? À juger sur les seules compétences ? Partant de longues discussions avec des femmes de tous âges et de tous postes, l’auteur tente de répondre à ces questions. Il a choisi le ton de la comédie pour nous dire qu’on est loin du compte. Pour beaucoup si une femme arrive à un haut poste, c’est qu’elle a couché, c’est qu’elle ne coûtait pas cher, etc.

L’idée de placer l’action dans cette petite entreprise de placards est assez amusante. Les portes vont claquer comme dans un vaudeville. Il fallait la naïve, ce sera l’assistante de direction, en gros la secrétaire (formidable Clara Guipont). Une bimbo qui cherche désespérément l’amour. Ce qui lui fera dire et faire un peu n’importe quoi. Il fallait un homme de mauvaise foi, le cadre machiste pour qui une femme n’a d’intérêt que dans un lit (épatant Ludovic Le Lez) ; un Arlequin doux et rêveur, l’informaticien pragmatique et amoureux de la secrétaire (touchant David Talbot) ; une stagiaire rentre-dedans très féministe (surprenante Gwenaëlle Couzigou) pour mettre en place sa dramaturgie. Ce petit monde va s’affoler et se déchirer.

Mondial placard - Côme de Bellescize © Fabienne Rappeneau
© Fabienne Rappeneau

Il reste Laurent, celui qui devrait faire le pendant de Marion et donner le ressort à la comédie. Ce jeune cadre impétueux pensait que le poste de chef allait lui revenir. Son opinion sur les femmes est pathétique. Pour lui, elles font des crises de nerfs, prennent des jours d’absence au moindre motif, que ce soit des règles douloureuses, des enfants malades, etc. Dès les premiers mots, il fait grincer des dents comme les gonds mal huilés d’une porte de placard ! Vexé comme un pou, il décide de revenir dans la boîte, déguisé en femme. On va être clair sur le principe, l’idée était bonne, mais cela ne marche. Contrairement au rôle Marion, le sien reste au niveau de la caricature. Est-ce l’auteur ou le comédien, Benjamin Wangermée, les responsables ? Un peu d’humanité n’aurait pas fait de mal au rire !

La mise en scène de Côme de Bellescize est une mécanique bien rôdée. Il utilise les couleurs et les espaces avec l’efficacité nécessaire à une bonne comédie. Cela fuse. Si certains propos pris au second degré font rire, d’autres entendus de manière plus littérale nous laissent quelque peu perplexe.


Mondial Placard, texte et mise en scène de Côme de Bellescize
Théâtre Tristan Bernard
64 rue du Rocher
75008 Paris.
Jusqu’au 30 avril 2024.
1h40.

Avec Éléonore Joncquez, Benjamin Wangermée, Jean Alibert, Clara Guipont
Gwenaëlle Couzigou, Ludovic Le Lez, David Talbot.
Collaboration artistique de Vincent Joncquez.
Scénographie de Natacha Markoff
Lumière de Thomas Costerg
Musique de Yannick Paget
Création son de Manon Poirier
Costumes d’Aude Desigaux
Perruques et Maquillage de Judith Scotto.

Bande annonce de Mondial Placard © Cie Théâtre du Fracas

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