Fadaise bourgeoise heureusement relevée par Charlotte Gainsbourg lumineuse et par l’impeccable jeu de Benoît Poelvoorde…
Le synopsis : Dans une ville de province, une nuit, Marc rencontre Sylvie alors qu’il a raté le train pour retourner à Paris. Ils errent dans les rues jusqu’au matin, parlant de tout sauf d’eux-mêmes, dans un accord rare. Quand Marc prend le premier train, il donne à Sylvie un rendez-vous, à Paris, quelques jours après. Ils ne savent rien l’un de l’autre. Sylvie ira à ce rendez-vous, et Marc, par malheur, non. Il la cherchera et trouvera une autre, Sophie, sans savoir qu’elle est la sœur de Sylvie…
La critique : Benoît Jacquot a encore frappé. Après avoir réussi le triple exploit – malgré des castings de rêve – de rater les adaptations cinématographiques d’Adolphe de Benjamin Constant, de Villa Amalia de Pascal Quignard et enfin Des Adieux à la Reine de Chantal Thomas, le réalisateur change de registre et s’essaye une nouvelle fois à la création originale d’une œuvre… C’est un naufrage tant le scénario manque d’envergure et de réalisme… Quelle déception !
Malgré tout, Benoît Jacquot sait attirer les foules. Son point fort, les comédiennes. Après Isabelle Adjani et Isabelle Huppert, il s’offre dans Trois cœurs pas moins que la famille étiquetée « Cinéma français » : Catherine Deneuve en Reine douairière, et ses héritières : la légitime Chiara Mastroianni et la prestigieuse et adoptive Charlotte Gainsbourg. Malgré leur charme, leur talent, leur autodérision, leur humour et leur capacité à transmettre les émotions, rien ne permet d’insuffler le moindre souffle de vie à ce triangle amoureux digne d’un Marc Levy ou d’un Guillaume Musso.
Tout est faux et factice. On ne peut croire une seule seconde à cette histoire rocambolesque, tirée par les cheveux et totalement improbable. Pourtant, les acteurs ne déméritent pas en nageant à contre courant afin de sauver du naufrage total ce film indigeste. Le jeu simple et tout en nuance de Charlotte Gainsbourg imprègne ce film d’un charme troublant. Faute d’un écrin à sa mesure, la performance de Benoît Poelvoorde, jamais aussi bon que dans des rôles dramatiques, tombe à l’eau. Reste l’imperturbable et insubmersible Reine Catherine, décidément au sommet de son art, qui incarne une belle-mère aimante et sarcastique, régnant sans partage sur le sacro-saint déjeuner dominical.
Malgré l’élan romantique voulu par le réalisateur, Trois cœurs s’enlise rapidement dans l’ennui et fait … plouf.
Réalisé par Benoît Jacquot
Avec Charlotte Gainsbourg, Benoît Poelvoorde, Chiara Mastroianni et Catherine Deneuve
Sortie de 17 septembre 2014
Durée 1h 46
Ce que tu dis est très vrai… ce qui est bizarre, c’est que je suis la première à tiquer sur les invraisemblances, et que là, mon esprit critique a été totalement anesthésié !