Portrait Bourdieu - Mise en scène Guillermo Pisani. ©Tristan Jeanne-Valès
©Tristan Jeanne-Valès

Caroline Arrouas, la tête dans les étoiles

AU TGP, sous la direction de Maëlle Poésy, la comédienne d'origine autrichienne se lance à la conquête du "Cosmos" et rend hommage aux Mercury 13.

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Je ne me souviens pas du premier, mais celui qui m’a marqué très jeune, c’était Cats, la comédie musicale. J’avais tellement envie de faire partie de cette bande de chats dansants. Je devais avoir sept ou huit ans.

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ? 
C’est difficile pour moi de parler de déclencheur, car j’ai le sentiment d’avoir toujours voulu faire de la scène. J’ai plutôt réprimé cette envie un temps, pendant mon adolescence, ce désir me paraissait trop irréalisable, irréaliste. Mais je continuais d’aller au théâtre tout le temps. 

Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédienne ?
J’ai toujours fait beaucoup de musique. J’ai parfois l’impression que les comédien.ne.s sont peut-être des musicien.ne.s ratés, ou qui en tout cas ne sont pas allé.e.s au bout. C’est un peu mon cas. J’ai pourtant suivi une formation de chant classique au conservatoire du 8e. Mais ma professeure m’a demandé de m’investir plus, pour passer les grands concours nationaux. Et j’ai privilégié ma formation théâtrale. Je pense que le théâtre, avec sa dimension collective, où il est question de dramaturgie commune, beaucoup plus que dans le chant me semble-t-il, m’a semblé plus vital.

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
J’ai grandi à Vienne, en Autriche. Après mon bac, j’ai été engagée en tant que chanteuse au théâtre national de Vienne, le Burgtheater, et j’ai joué dans des mises en scène très différentes pendant presque trois ans et avec des partenaires qui, des années durant, m’avaient fait rêver depuis mon fauteuil de spectatrice. C’était incroyable, car je découvrais tout en même temps : l’artisanat, les blagues en coulisses, le trac, les névroses, la vie de troupe, les auteur.rices vivant.e.s, les mondes imaginaires de chaque artiste, les rapports de pouvoir, la folie de cette vie qui m’attirait tant.

Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Il y en a eu beaucoup, mes souvenirs se télescopent, alors en voici quelques-uns : Médée m.e.s par Deborah Warner, Hamlet m.e.s par Peter Brook, Ma chambre froide de Joel Pommerat, La casa della fuerza d’Angelica Liddell, Feux m.e.s. par Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma, Plateforme mis en scène par Johan Simons, Demi-Véronique de Jeanne Candel, Misericordia de Emma Dante.

Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Maëlle Poésy, Caroline Guiéla Nguyen et Marie Rémond, que j’ai toutes trois rencontrées au TNS et avec qui j’ai un lien très fort.
Guillermo Pisani, avec qui je travaille depuis dix ans presque continuellement et dont j’adore l’écriture.

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ? 
C’est un métier qui déséquilibre. Ce n’est pas toujours facile de mener une vie aussi peu régulière. Et en même temps je ne pourrais pas sans doute tenir, sans ces moments où l’on est totalement englouti par des répétitions. Je pense que le fait d’être totalement absorbé par ce que l’on fait est une grande source de bonheur. Comme si on cherchait toujours à retrouver cet état de l’enfant, qui plonge tout entier dans le monde qu’il est en train de créer. 

Qu’est-ce qui vous inspire ? 
Les personnes qui arrivent à partager leur rapport au monde sans simplifier ce qu’ils.elles sont, l’humour, l’absence d’amertume.

De quel ordre est votre rapport à la scène ?
Charnel. J’aime l’odeur, le bruit des projecteurs, le regard vers le grill…

Cosmos de Kevin Keiss et Maëlle Poésy © Jean-Louis Hernandez
Cosmos de Kevin Keiss et Maëlle Poésy © Jean-Louis Hernandez

À quel endroit de votre chair, de votre corps situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Le ventre et les yeux.

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Emma Dante, Séverine Chavrier, Jeanne Candel.

À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
Je rêve de participer à un spectacle dans lequel je parlerais plein de langues différentes

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
 Les enregistrements de Giora Feidman.


Cosmos de Kevin Keiss en collaboration avec Maëlle Poésy
Mise en scène de Maëlle Poésy
Création en octobre 2023 au Théâtre Dijon Bourgogne, Centre dramatique national
Durée 1H40

Tournée
10 au 21 janvier 2024 au Théâtre Gérard Philipe, Centre dramatique national, Saint-Denis
les 24 et 25 janvier à L’Azimut, Pôle national cirque en Île-de-France, Antony – Châtenay-Malabry
30 janvier au 3 février au ThéâtredelaCité, Centre dramatique national, Toulouse
13 au 16 février à La Comédie de Saint-Étienne, Centre dramatique national
27 mars au Centre d’art et de culture, Meudon
3 au 7 avril au Théâtre national de Strasbourg
16 avril au Festival SPRING – Festival international des nouvelles formes de cirque en Normandie, Vire

Teaser de Cosmos de Maëlle Poésy © TGP

le portrait de Caroline Arrouas est tiré du spectacle Portrait Bourdieu, mis en scène par Guillermo Pisani

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