Tanz de Florentina Holzinger © Éva Wurdinger / La Villette

Tanz, le show « hard » corps de Florentina Holzinger 

À la Villette, la chorégraphe et performeuse autrichienne, Florentina Holzinger, signe avec "Tanz", met le corps féminin à rude épreuve.

Tanz de Florentina Holzinger © Nada Žgank
© Nada Žgank

Dans Tanz, show granguignolesque de chair et de sang, présenté pour la première fois en France sous la charpente de fer et de verre de la Grande Halle de la Villette, Florentina Holzinger met le corps féminin à rude épreuve. Questionnant l’héritage du ballet classique en revisitant des grands tubes de Giselle au Lac des cygnes, la performeuse et chorégraphe autrichienne ne lésine pas sur les images percutantes et trash sans pour autant céder à la facilité du gore gratuit. Rien n’est épargné aux spectateurs dans cette fresque totale où l’art dépasse le simple esthétisme pour faire entendre au-delà des mots, un propos radical et sans concession : pieds ensanglantés, jeunes filles sacrifiées sur l’autel de l’amour, chairs mises à nu impudiques, mais sans voyeurisme aucun, corps suspendu dans les airs comme une pièce de boucher, etc. 

Secouant les imaginaires, cassant les codes et utilisant son propre corps comme une arme à penser, à la manière d’une Angelica Liddell ou d’une Phia MénardFlorentina Holzinger multiplie les saynètes burlesques, compile les séquences toutes plus spectaculaires les unes que les autres. Le message est clair, en finir avec les stéréotypes de genre, la standardisation des corps féminins, la normalisation d’une pensée unique, forcément sexiste. Sanguinolent, trivial autant que provocateur, Tanz décorsete l’idée même d’art, sans pour autant convaincre tout à fait. Scènes s’étirant en longueur, trop plein d’idées jusqu’à overdose, dramaturgie sur le fil du rasoir, l’œuvre déborde de partout, se déverse par flots sur un public décontenancé. Certains fuient, d’autres rient, la plupart s’interroge. 

L’artiste autrichienne ne fait clairement pas dans la dentelle, ni dans la charge virulente et monolithique contre le fameux adage « il faut souffrir pour être belle » ou l’image de douleur acceptable qui colle à l’apprentissage de la danse classique. Plus subtile que cela, moins frontale, malgré les évidentes apparences, elle signe un show délirant, déjanté, fantasmagorique, une charge « trash » contre tout conformisme, tout esthétisme propret, toute tartuferie d’opinions préconçues et obtuses ! 


Tanz de Florentina Holzinger
La Villette
211 avenue Jean Jaurès
75019 Paris
Jusqu’au 16 décembre 2023
Durée 2h10

Concept, performance, chorégraphie – Florentina Holzinger
Performance par et avec Josefin Arnell, Renée Copraij, Beatrice Cordua, Evelyn Frantti, Luz de Luna Duran, Lucifire, Annina Machaz, Netti Nüganen, Suzn Pasyon, Laura Stokes, Stefanie Wieser, Veronica Thompson, Lydia Darling, Florentina Holzinger
Création vidéo & live de Josefin Arnell
Création son Live sound [3|8] de Stefan Schneider
Création lumière, direction technique – Anne Meeussen assistée de Koen Vanneste, Stephan Werner
Scénographie de Nikola Knezevic assisté de Camilla Smolders
Dramaturgie de Renée Copraij, Sara Ostertag Coaching Ghani Minne, Dave Tusk Coaching musical – Almut Lustig
Regard extérieur – Michele Rizzo, Fernando Belfiore
Recherches – Anna Leon
Costumes deMael Blau
Prothèses, masques étudiants de Wigs
Maquillage, effets spéciaux en maquillage pour la scène et l’écran, perruques – Theaterakademie August Everding (Munich), Marianne Meinl
Conseiller en cascades – Haeger Stunt & Wireworks
Instructeurs pour les cascades Stunt Cloud GmbH (Leo Plank, Phong Giang, Sandra Barger)

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