En parallèle à l’exposition Le temps qu’il nous faut, qui se tient jusqu’au 24 février 2024, Le MAIF social Club, sous l’impulsion de son directeur Florent Héridel, présente ObsolèteS de la compagnie À demain j’espère. Comme le constate le public assez vite, ici pas de spectacle, en tout cas pas dans sa forme habituelle, mais bien une immersion au plus près du collectif, du militantisme.
Alors que crachent dans des baffles de mauvaise qualité, chansons engagées et airs de manifs, cinq individus, trois femmes, deux hommes, se sont donnés rendez-vous pour agir, pour dénoncer ce qui ne va pas dans leur vie, dans leur quotidien, dans celui de leur voisine, de leur voisin, de la personne croisée la veille. S’auto-déclarant membres fondateurs du « Mouvement », ils invitent tous les participants réunis pour l’occasion – les spectateurs en l’occurrence – à contribuer à la manière de « Nuit debout » ou des « Gilets jaunes » à faire entendre leur voix. Par principe, la parole étant libre, chacun est amené à s’exprimer, à évoquer ses difficultés, à dire ce qu’il a sur le cœur, ce qu’il faut changer dans notre société pour la rendre plus humaine.
Humour potache, sketchs qui tombent à plat, numéros chorégraphiques décalés, mauvaise foi, fausses bonnes idées et bons sentiments font le sel de ce spectacle de bouts de ficelle qui réjouit les uns et laisse totalement de côté les autres. Car le principe de base de cette immersion dans le militantisme à l’emporte-pièce est d’accepter de participer, de confronter ses idées, les pires comme les plus folles. S’intéressant aux dérives du capitalisme, et tout particulièrement à l’obsolescence qui frappe les salariés aussi vite que les objets qu’ils fabriquent, les membres de la compagnie À demain J’espère fourbissent leurs arguments, les jettent en pâture au public pour que naisse là au cœur de cette arène faussement improvisée un consensus, une ligne de revendication.
Utopique, ludique, totalement bordélique, ObsolèteS est une performance débridée où rires et réflexions se côtoient à la-va-comme-je-te-pousse. En soi, le concept est ingénieux, voire audacieux. Il ne demande qu’un prérequis, accepter de faire partie de l’Agora, de lâcher la bride à ses garde-fous, en un mot de participer en s’affranchissant du regard des autres. Conçu pour être joué en extérieur, il pâtit toutefois d’être enfermé dans une salle, bridant notamment une partir des interventions. Une expérience libératrice pour les uns, malaisante pour les autres !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
ObsolèteS de la Compagnie À demain J’espère
MAIF Social Club
37 rue de Turenne
75003 Paris
Décembre 2023
durée 1h30
Mise en scène d’Olivia David-Thomas, Fabien Thomas
Avec Olivia David-Thomas, Catherine Fornal, Martine Girol, Martin Lardé, Fabien Thomas.