Thriller haletant où politique et justice se mêlent, dépeignant une société israélienne complexe et paradoxale
L’argument : Dans un quartier sans histoires de Tel-Aviv, le viol d’une jeune fille met la police en émoi. Pas d’indices, pas de témoins, pas de suspects. Le père de la victime décide de mener sa propre enquête, jusqu’à identifier Ziv Névo comme le coupable. L’affaire serait sur le point d’être classée, sans les doutes du vieil inspecteur Élie Nahoum. Pourquoi Névo refuse-t-il de s’exprimer ? Qui veut-il protéger par son silence ? Le père aurait-il pu forcer sa fille à accuser un innocent ? Entre le policier et le suspect commence un duel sous haute tension, qui va attirer dans son ballet de faux-semblants un jeune avocat idéaliste, le bras droit d’un boss de la mafia, et un reporter prêt à tout pour décrocher le scoop de sa vie. Quand un deuxième viol est commis, la quête de la vérité devient une affaire de vie ou de mort…
La critique : Pour ce premier roman, Liad Shoham, membre du barreau israélien depuis 1997, brosse un portrait cru et féroce de la société de son pays, qui oscille entre modernité et archaïsme, entre soif de justice et compromis. Sur fond d’enquête policière, un viol barbare a été commis dans quartier paisible de Tel-Aviv. L’auteur décrit les rouages d’une justice à bout de souffle et d’une police impuissante où la politique roublarde a pris le pas sur l’intégrité, l’impartialité et la vérité.Que s’est-il donc passé dans cette cour obscure d’un immeuble paisible à une heure du matin ? Qui a pu perpétrer un acte aussi violent ? Policiers, proches de la victime, journalistes, voisin(e)s, avocats, procureurs et juges mènent l’enquête et tentent de dénouer les fils embrouillés de ce drame, tandis que rapidement, tout désigne un coupable idéal : présence sur les lieux du crime, semi-aveux, lien douteux avec la mafia locale et vie personnelle à la dérive.
En peu de pages, tout semble réglé, mais c’est sans compter les contraintes judiciaires imposées par le parquet, rendant le travail de la police particulièrement ardu, les faux-semblants, les dilemmes, les menaces et les quiproquos. Très vite, alors qu’un second viol encore plus barbare est commis, c’est une course contre la montre que se livrent nos différents protagonistes pour qu’éclate enfin la vérité et que le coupable soit définitivement hors-circuit.
Ce qui frappe le plus dans ce roman, c’est l’absence de vrai héros. Les personnages, loin d’être manichéens, se dévoilent tels qu’ils sont avec leurs forces et leurs faiblesses, leur beauté et leur laideur. Ils sont tout simplement humains. Ils sont aussi le faire-valoir du véritable objet de cet ouvrage : Tel-Aviv. En effet, au fil des pages, l’auteur esquisse un portrait tout en nuances de cette métropole moderne, cosmopolite, et de ses habitants. Dans un style fluide, mais parfois jargonneux, qui n’évite pas l’écueil des longues descriptions, sans doute inhérent à son métier premier, avocat, Liad Shoham, de son regard acéré, livre un cliché tendre, net, précis et sans fard de cette société israélienne si contradictoire et si singulière.
Sans véritable happy end, ce polar réaliste sonde les tréfonds de l’âme humaine…et nous entraîne à la découverte d’autres horizons… Plaisant.
Editions les Escales
Editions 10/18