À Cannes, dans le cadre du Festival de Danse, avant d’investir les ors de l’Opéra de Versailles, Thierry Malandain présente la dernière-née de ses créations, Les saisons, un ballet qui trouve son inspiration dans les musiques entremêlées de Vivaldi et de Guido.
© Jean-Marie Périer
Comment est né ce projet audacieux qui combine au plateau les Quatre Saisons d’Antonio Vivaldi et de Guido ?
Thierry Malandain : pour être tout à fait honnête et transparent, l’idée ne vient pas de moi, mais de Laurent Brunner, le directeur de Château de Versailles-Spectacles, et de Stefan Plewniak, chef d’orchestre et violoniste polonais, premier chef d’orchestre de l’Opéra Royal de Versailles. Ils me l’ont proposé lors de la reprise du Ballet Marie-Antoinette. Ils avaient très envie que nous puissions retravailler ensemble. Sur le moment, je n’ai su quoi répondre. J’étais sur un autre projet, Daphnis et Chloé de Ravel. Pour me convaincre, Laurent s’est absenté quelques minutes pour aller chercher dans son bureau deux CD, celui de Vivaldi, celui de Guido.
Qu’est-ce qui vous a donné envie d’accepter cette proposition ?
Thierry Malandain : la curiosité, tout d’abord. Mais aussi parce que depuis le Covid, les commandes se sont taries. Et que malheureusement, le ballet n’a pas un budget suffisant pour pouvoir produire ses propres pièces. La majorité des derniers spectacles que nous avons créés comme La Pastorale ou Marie-Antoinette, sont des commandes. Et qui dit commande, dit coproduction, ce qui permet de financer les décors et les costumes. Mais cela implique aussi que le sujet soit imposé et quelques contraintes.
Comment les deux partitions sont-elles venues nourrir votre écriture ?
Thierry Malandain : C’est un ensemble de choses. Pour ce qui est des gestes et des mouvements, cela vient assez naturellement lors du travail en studio. Avec les danseurs, on essaie des combinaisons, on se laisse porter par la musique, on voit comment elle influence les enchaînements, les associations de pas. Ce n’est pas le plus compliqué. La difficulté est plutôt venue de comment construire un spectacle autour de ces deux partitions très différentes. En les écoutant, je ne savais pas si je devais faire deux entités distinctes ou les entrelacées dans une seule et même pièce chorégraphique. Vivaldi est un classique. Tout le monde connaît l’œuvre. Elle est basée sur des concertos. Pour ce qui est de Guido, c’est très différent. Ce sont des suites à la française, beaucoup plus complexes à porter au plateau. Après réflexion, il m’a semblé qu’il était plus judicieux de faire un millefeuille musical. On commence par Le Printemps de Vivaldi, on enchaîne avec celui de Guido. Et on termine tout logiquement par L’Hiver de Guido. Toutefois, j’ai choisi des extraits, certains passages, les deux œuvres ne sont pas jouées dans leur intégralité. Cela donne un ensemble aéré et fluide.
Travailler une œuvre moins connue du grand public, est-ce que cela offre plus de liberté ?
Thierry Malandain : Ce n’est pas aussi simple. Bien sûr, sur Vivaldi , on est attendu, moins sur Guido. Mais sa partition demande une attention particulière. Elle alterne des numéros très courts d’à peine 40 secondes, et d’autres plus longs. Il a donc fallu trouver les extraits qui faisaient sens et ainsi éviter le risque d’une œuvre chorégraphique morcelée. Chez Vivaldi, il y a une trame dramatique, facile à suivre. J’ai donc plutôt travaillé une écriture contemporaine à ma façon. Chez Guido, c’est juste du divertissement. Je me suis donc concentré sur une grammaire d’inspiration baroque. Ce qui est assez curieux avec ces deux œuvres, c’est que personne ne sait qui a composé en premier. Si l’un a pu écouter l’autre. Ce qui est certain, c’est qu’il y a des ressemblances entre les deux.
Créer au Festival de Danse de Cannes, est ce que c’était important pour vous ?
Thierry Malandain : Cannes fait partie de nos coproducteurs. C’est donc important de présenter notre travail chez eux. Après, avec Didier Deschamps, son nouveau directeur, nous avons une histoire de longue date. Quand il était directeur de Chaillot, il nous a beaucoup soutenus. Je trouve importante la fidélité.
Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Les Saisons de Thierry Malandain
Création le 25 novembre 2023 au Palais des Festivals à Cannes
Festival de Danse Cannes Côte d’Azur France
Tournée
28 novembre 2023 à L’Esplanade du lac – Divonne-les-Bains
14 au 17 décembre 2023 Opéra royal de Versailles
27 au 30 décembre 2023 à la Gare du Midi – CCN Malandain Ballet Biarritz
10 au 14 janvier 2024 à La Fenice – Venise (Italie)
19 au 20 janvier 2024 Teatro Arriago – Bilbao (Espagne)
4 février Théâtre Jean Vilar – Saint-Quentin
18 et 19 février 2024 à Mouilleron le Captif – Le Vendespace
22 février 2024 au Schaffenhausen – Stadttheater Schaffhouse (Suisse)
8 au 9 mars 2024 au Teatro Baluarte -Pampelune (Espagne)
12 mars 2024 au Théâtre des Sablons – Neuilly-sur-Seine
15 au 17 mars 2024 à l’Opéra de Reims
29 mars 2024 à l’Opéra de Saint-Étienne
3 au 4 avril 2024 à La Coursive- La Rochelle
7 et 8 mai 2024 au Theater Bonn (Allemagne)
29 au 31 mai 2024 à l’Opéra national de Bordeaux
Chorégraphie de Thierry Malandain
Musique de Antonio Vivaldi, Giovanni Antonio Guido
avec Noé Ballot, Giuditta Banchetti, Julie Bruneau, Raphaël Canet, Clémence Chevillotte, Mickaël Conte, Loan Frantz, Irma Hoffren, Hugo Layer, Guillaume Lillo, Claire Lonchampt, Timothée Mahut, Alessia Peschiulli, Julen Rodríguez Flores, Alejandro Sánchez Bretones, Ismael Turel Yagüe, Yui Uwaha, Chelsey Van Belle, Patricia Velazquez, Allegra Vianello, Laurine Viel, Léo Wanner
Décors et Costumes de Jorge Gallardo
Maîtres de ballet : Richard Coudray, Giuseppe Chiavaro, Frederik Deberdt
Lumières de François Menou
Réalisation costumes – Véronique Murat, Charlotte Margnoux
Réalisation décor – Frédéric Vadé
Réalisation accessoires – Annie Onchalo
Assistants décor et accessoires : Nicolas Rochais, Gorka Arpajou, Félix Vermandé, Raphaël Jeanneret, Christof t’Siolle, Txomin Laborde- Peyre, Maruschka Miramon, Karine Prins, Sandrine Mestas Gleizes, Fanny Sudres et Fantine Goulot
