La rencontre entre l’univers déjanté, burlesque, irrévérencieux de ces crazies d’Anglais, les Monty Python, et le petit monde facétieux de ce Robin des bois frenchy, Pierre-François Martin-Laval (Pef) était inévitable. Nous en avions eu la preuve il y a treize ans, lors de la première version au Comédia (aujourd’hui Théâtre Libre). Le spectacle n’a pas pris une ride. Il a juste pris du poids et, dans la balance, cela compte ! Merci aux producteurs, qui ont mis les moyens, mais aussi à la patine du temps, qui a permis à Pef, de peaufiner son adaptation, en la revisitant un peu. Fallait bien l’actualiser avec notre époque ! Il a vraiment trouvé le ton qui sied à celui des Monthy. Ainsi, ce qui avait été un admirable spectacle est devenu excellentissime !
Toute la folie des Monty Python
Ce spectacle musical est désopilant. J’ai à nouveau hurlé de rire d’un bout à l’autre ! On y retrouve presque toutes les scènes mythiques. Dans le désordre, parce qu’il faut ça, il y a : les noix de coco, le lapin tueur de Caerbannog, la vache catapultée, le chevalier noir terminant en homme-tronc, la dame du lac, le prince-princesse, les chevaliers du NI, les chevaliers de la Table Ronde qui ne tourne pas rond et le roi Arthur totalement déphasé, voire dépassé. Il n’y a aucun temps mort dans l’enchaînement des tableaux, qui possèdent tous leurs lots de surprises, d’éblouissements et de burlesque.
Un show digne de ce nom
Nous sommes dans les tonalités des grands musicaux of Broadway, avec des décors somptueux d’Hervé Cherblanc, des lumières éclatantes de Pascal Noël, des costumes superbes de Caroline Van Assche. La direction musicale de Karim Medjebeur est parfaite. Chaque soir l’orchestre en live, dirigé par Charlotte Gauthier, fait retentir la musique entêtante de John du Prez. Il y a de la danse, même bretonne, chorégraphiée par Stéphane Jarny. Des chansons, même d’amour parce qu’il en faut une. Elles sont l’œuvre du « Monty Pythonesque » Eric Idle. Les paroles, judicieusement adaptées, sont inénarrables. Dans ce qui ressemble à une grande bande dessinée animée, les artistes peuvent ainsi s’ébrouer, galoper, danser et chanter en toute aisance et liberté.
Une équipe de doux dingues
Dans le rôle du roi Arthur, on retrouve bien évidemment Pierre-François Martin-Laval. Il est tout à son aise dans ce rôle de meneur de troupe. Et il a plus de chance que son personnage, qui se débat avec le crétinisme de ses chevaliers, tant les siens sont doués. Ricardo Lo Guidice et Matthieu Pillard, échappés des Chiche Capon, incarnent avec tout leur talent clownesque Bedevere et Lancelot. Les délirants Basile Alaïmalaïs (Galahad), Vincent Escure (à la fois l’écuyer Patsy et Prince Hubert), Ludovic Thievon (Robin), Véronique Hatat (l’historienne) ne sont pas en reste. Avec un sens du comique très précis, tout ce petit monde se glisse tout aussi aisément dans tous les autres personnages qui émaillent cette histoire totalement loufoque.
Il ne faudrait pas oublier Alexandre Bernot, Simon Catrice, Tristan Garnier, Arnaud Masclet, Robin Morgenthaler, Maréva Poaty, Justine Catala, Ophélie Crispin, Emmanuelle Guélin et Mélissa Linton, qui forment les ensembles et les doublures. Et oui, il y en a du monde sur scène ! Vous vous dites que j’en ai oublié une, mais non : Nenni, la Dame du Lac est inoubliable. Après la talentueuse Gaëlle Pinhéro, nous avons la drôlissime et magnifique Lauren Van Kempen. Une révélation. Vous l’aurez compris, courez-y à vol d’hirondelle d’Afrique, sur votre plus beau destrier ou, plus simplement, en métro !
Marie-Céline Nivière
Monty Python’s Spamalot, le musical tiré (amoureusement) du film Monthy Python Sacré Graal de Graham Chapman, John Cleese, Terry Gillam, Eric Idle, Terry Jones, Michael Palin.
Théâtre de Paris
15 rue Blanche
75009 Paris.
Jusqu’31 décembre 2023.
Du mardi au samedi à 20h, dimanche à 15h.
Durée 2h10 avec entracte.
Livret et chansons d’Eric Idle.
Musique de John Du Prez et Eric Idle.
Adaptation française et mise en scène Pierre-Martin Laval,
assisté de Julien Allary.
Avec Pierre-François Martin Laval, Basile Alaïmalaïs, Vincent Escure, Véronique Hatat, Ricardo Lo Guidice, Matthieu Pillard, Ludovic Thievon, Lauren Van Kempen, Alexandre Bernot, Simon Catrice, Tristan Garnier, Arnaud Masclet, Robin Morgenthaler, Maréva Poaty, Justine Catala, Ophélie Crispin, Emmanuelle Guélin, Mélissa Linton et l’orchestre, dirigé par Charlotte Gauthier ou Daniel Glet.
Direction musical de Karim Medjebeur.
Chorégraphie Stéphane Jarny,
assisté de Patricia Delon.
Chorégraphie des combats de Philippe Maymat.
Costumes de Caroline Van Assche.
Décors d’Hervé Cherblanc.
Son de Julus Tessarech.
Lumières de Pascal Noël.
Accessoire Marc Guillaume.