Quinze Rounds - Richard Bohringer © David Parel
© David Parel

Le grand chemin chaotique et lumineux Richard Bohringer

Au Théâtre de l'Atelier, Richard Bohringer, mis en scène tendrement par sa fille Romane, lit les "Quinze Rounds" de sa vie.

Quinze Rounds - Richard Bohringer © David Parel
© David Parel

Dans « ce lieu tranquille qu’est le théâtre », Richard Bohringer vient à petit pas s’asseoir à son fauteuil, tel un patriarche. On entend en off sa voix d’avant, percutante. Il commence. Si la tessiture a bien baissé, dans ses yeux, la même étincelle, sur ses lèvres le même sourire. Tel un boxeur, il va, en Quinze rounds, évoquer des Bouts de lambeaux de son existence.

Cela pourrait ressembler à une cérémonie d’adieu, or il n’en est rien. De son adolescence à Deuil-la-Barre, triste nom, en passant par Saint-Germain-des-Prés, il croise en chemin les démons que l’on rencontre la nuit dans la ville, les amis, les femmes, l’amour, les enfants, la carrière, l’écriture, les voyages, la maladie… sans oublier cet être exceptionnel, Mamie, à qui ce spectacle rend aussi un émouvant hommage. « Je veux pas m’en aller avant d’avoir fini ce qui m’a fait vivre, créer à ma main, juste à ma main, et transmettre, peut-être, des bouts d’univers, et donner l’envie à d’autres, l’envie de faire pareil. » C’est exactement, ce que l’artiste nous offre, une leçon de vie. Celle qu’il faut prendre comme elle vient, avec ses coups bas, ces défaites, et surtout ces victoires.

Sur la scène iconique du Théâtre de l’Atelier, Romane Bohringer a pensé pour son père un petit écrin scénique de toute beauté. Derrière l’acteur est tendu un grand rideau blanc, qui fait songer à une voilure de bateau où à une toile de tréteau. Celui-ci sert à faire défiler des phrases, des films, des photos en noir et blanc, d’hier et d’aujourd’hui. En découpant intelligemment dans le livre de son père, Romane Bohringer lui a créé un bel ouvrage théâtral, où la tendresse prend le pas sur la mélancolie. Il n’y a pas d’Amour flou entre eux. Tel les grands boxeurs Richard Bohringer lance un dernier uppercut : « Merci la vie ». La salle se lève pour ovationner ce grand vainqueur, ce grand artiste aux talents inégalables, cet être humain cabossé par cette « putain de vie à gueule de chien » ! Chapeau bas !

Marie-Céline Nivière

Quinze rounds, lecture de et par Richard Bohringer.
Théâtre de l’Atelier
Place Charles Dullin
75018 Paris.

Du 17 octobre au 12 novembre 2023.
Du mardi au samedi à 19h, dimanche à 15h.
Durée 1h.

Mise en scène de Romane Bohringer.
Texte publié aux Éditions Flammarion
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